Pr Even : « Les statines sont l’arnaque la plus réussie de l’industrie pharmaceutique »

Pr Even : « Les statines sont l’arnaque la plus réussie de l’industrie pharmaceutique »

Le professeur Michel de Lorgeril a publié quelques jours après vous son livre L’horrible vérité sur les médicaments anticholestérol, qui dénonce, comme le vôtre, le scandale des statines. Pourquoi lui avoir dédicacé votre livre?

Parce que c’est lui qui a soulevé cette question le premier. Il y a quelques années je suis tombé sur un rapport que Michel de Lorgeril avait remis au président de la République d’alors. L’étude portait sur la toxicité des médicaments anticholestérol et en particulier sur les statines. C’est à partir de là que j’ai commencé à me plonger dans « le médicament ». Très vite j’ai vu que certains se révélaient hautement critiquables par rapport à la dépense publique et aux risques sanitaires qu’ils entraînent. Je me suis donc mis à suivre sa piste en quelque sorte, à ses côtés.

Vous et Michel de Lorgeril focalisez encore votre combat sur les anticholestérol. Pourquoi ?

Les statines et les anticholestérol restent le meilleur exemple de toutes les dérives du système de santé. C’est l’arnaque la plus formidable réussie par l’industrie pharmaceutique ! Non seulement les malades souffrent des anticholestérol, non seulement les finances publiques sont ruinées par ces milliards qu’on jette par les fenêtres, mais pour moi le principal moteur de ce scandale c’est la connerie scientifique. Tout ça ne tient pas une seconde face à l’examen scientifique : le cholestérol est une molécule essentielle à l’organisme qui ne comporte aucun danger.

Pourquoi alors les cardiologues continuent à diaboliser le cholestérol ?

Parce qu’il y a eu des menteurs, bien organisés, qui ont gagné de l’argent et en ont fait gagner aux firmes en répandant un dogme faux. L’industrie pharmaceutique mondiale s’est quand même mis dans la poche 400 milliards d’euros depuis dix ans, et en France, pas loin d’un milliards d’euros par an. Et ce n’est pas fini : certes les statines sont aujourd’hui en train de disparaître et rapportent bien moins aux grandes firmes. Mais de nouveaux médicaments, que j’appelle les « nouveaux serpents de mer », viennent maintenant les remplacer. On se trouve dans une situation invraisemblable ! Car en plus d’être tout aussi mauvais que les statines, ces substituts coûtent beaucoup plus cher : 50 euros par jour ! L’industrie espère faire le même coup qu’avec les statines. Voilà pourquoi, plus que les statines, c’est le mythe du cholestérol que j’ai voulu détruire. Sinon il ressortira des statines encore et encore tous les quatre-cinq ans, et comme ça indéfiniment.

Vous vous en prenez aussi aux antiagrégants et aux nouveaux anticoagulants…

C’est toujours la même chose. Prenons l’exemple des anticoagulants. Ce sont des médicaments utilisés pour fluidifier le sang et éviter ainsi que des caillots sanguins bouchent les artères. Mais si la dose est trop élevée, il arrive que des hémorragies surviennent. Le problème avec les « nouveaux anticoagulants » vient du fait que non seulement leur efficacité n’est pas meilleure mais ils entraînent autant d’accidents hémorragiques graves… Pourtant, ils se vendent 25 fois plus cher ! L’industrie a déjà fait 30 ou 40 milliards d’euros avec les anciens, elle compte bien faire un milliard avec la nouvelle génération. Mais il y a pire : alors que les anciens anticoagulants possédaient un antidote pour stopper les hémorragies, les nouveau en sont dépourvus ! Impossible, par conséquent, de contenir ces hémorragies. En France, les effets des anticoagulants provoquent 5000 morts par ans – plus que les accidents de la route !

Si ces médicaments sont si mauvais sur tous les plans, comment ont-ils pu se faire une place sur le marché du médicament ?

Restons sur les nouveaux anticoagulants. Pour les promouvoir, l’industrie a fait ce qu’elle n’a jamais réussi à faire jusque-là, elle a sorti pas moins de 30 essais cliniques en deux ans. Ces études, évidemment favorables, ont bombardé la presse : tous les mois un article paraissait là-dessus ! Ce matraquage a entraîné, petit à petit, l’adhésion des médecins qui, il faut bien le reconnaître, ne lisent souvent pas le détail des études.

Ces études ont été falsifiées ?

Evidemment, et cela concerne tant d’autres médicaments ! Mais rendez-vous compte : une étude clinique vaut entre 200 millions et un milliard d’euros. Pensez-vous que les firmes vont investir autant d’argent pour conclure que le médicament n’est pas bon ? Il faut absolument que le test soit positif. Résultat, on cache ce qui a raté, on ne parle pas non plus des accidents survenus pendant les tests. De plus toutes ces données restent secrètes car les détails de l’étude appartiennent à l’industrie. Personne ne peut avoir accès aux dossiers. La firme peut donc en toute quiétude sortir ce qui peut donner une vision plus ou moins positive de sa molécule. Les services marketing jouent ensuite là-dessus pour vendre les médicaments en occultant tout ce qui peut les gêner.

Personne ne relit ces études pour évaluer la fiabilité des conclusions ?

Personne ! Si vous lisez certaines des conclusions vous tomberez de votre chaise. Il m’est arrivé de lire : « bien que le résultat soit négatif, le traitement est indiqué dans tous les cas chez tous les malades, et ça marche » ! Après, il faut reconnaître que la vérification est un gros travail que les praticiens n’ont parfois pas le temps de réaliser ; ils ont des malades à gérer rapidement, un service… pour lire un article complet, un seul, il faut compter une journée entière ! Les Américains disent que décoder les statines, par exemple, est un chantier herculéen. Moi j’ai fait en deux ans ce que les cardiologues auraient dû faire en 30 ans. Il faut dire aussi que je suis à la retraite, j’ai évidemment plus de temps à consacrer.

Avez-vous d’autres dossiers aussi brûlants dans vos placards ?

Je suis en ce moment sur un projet traitant des graves problèmes de la recherche. C’est un sujet énorme, croyez-moi. 80% de ce qui est publié est faux, et, évidemment, on se garde bien de le dire. On dit seulement des études… qu’elles ne sont pas reproductibles. Bref, je ne vous en dis pas plus, vous verrez. En tout cas je ne m’arrête pas là : il y aurait aussi à dire sur les antidiabétiques ou les psychotropes qui conduisent à plus de suicides – parfois des meurtres – qu’elle n’en protège. Quoi qu’il en soit, mes travaux montrent qu’on ne peut vraiment plus avoir confiance en rien…

Propos recueillis par Hugo Struna.
 

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