Pourquoi était-il important pour vous d’écrire ce livre ?
Christian Rémésy : C’était important car je trouve que nous n’avons jamais dénoncé la situation comme je l’ai fait. Finalement la seule conduite possible est de s’en tenir aux vrais aliments, à savoir des aliments bruts ou des aliments qui ont subi des transformations normales et indispensables, comme le pain. D’ailleurs la crise agricole me donne raison : avec les produits transformés, ce sont des industriels ou des commerciaux qui captent une grande partie de la valeur ajoutée. Finalement l’agriculteur reçoit très peu. Pour sauver à la fois l’agriculture et la santé humaine, il faut revenir aux fondamentaux de l’alimentation et faire un ménage important dans les produits transformés.
Les agriculteurs gagneraient-ils mieux leur vie avec des fermes plus réduites ?
Oui car ils peuvent pratiquer plus d’agroécologie, utiliser moins de pesticides, des matériels moins importants, faire plus de vente directe. Il faut relocaliser au maximum l’agriculture et l’alimentation humaine. C’est un vrai travail de souveraineté alimentaire ! La plupart du temps, quand il y a des manifestations, les grands agriculteurs arrivent à se défendre, ce sont eux qui captent le maximum de subventions de la PAC. Il faudrait que les subventions soient moins consacrées aux surfaces et plus versées en fonction des travailleurs humains.
Dans le livre, vous évoquez la question des protéines animales et végétales et suggérez qu’il faudrait consommer plus de protéines végétales.
Oui, c’est consensuel, mais difficile dans la pratique, car beaucoup de personnes surévaluent la valeur nutritionnelle des produits animaux. Il est tout à fait possible de réduire de moitié la consommation de produits animaux, en payant mieux les producteurs, ce qui serait favorable à des élevages plus écologiques. C’est ce que j’ai appelé dans le livre être « écovégétarien ». C’est vraiment scandaleux que la France ne soit pas plus autonome en fruits et légumes !
Vous abordez aussi la question de l’éducation alimentaire des enfants. Que faire pour eux ?
À la fin de mon livre, j’ai écrit une lettre à la jeunesse. J’ai des petits-enfants et j’ai proposé la lecture de cette lettre dans le primaire. Si l’expérience est intéressante, je pourrais en écrire plusieurs, pour qu’elles permettent aux instituteurs de parler de ce sujet. Par exemple, sur la question du sucre, beaucoup d’enfants ne sont pas sensibilisés à ce danger qui les guette.
Les étudiants, les jeunes actifs, se nourrissent souvent mal…
Oui, je décris à quel point, petit à petit, on diminue son capital santé en ayant de mauvaises pratiques sur de très longues durées.