Que sont les probiotiques et sur quoi agissent-ils ?
« Pro » signifie pour et « biotique » la vie, ce qui donne pour la vie. L’OMS définit très bien ces petits êtres vivants : « micro-organismes vivants qui, lorsqu’ils sont administrés en quantité suffisante, exercent un effet bénéfique pour la santé de l’hôte ».
Ces micro-organismes sont essentiels au bon fonctionnement de la flore intestinale (ou microbiote), qui va en retour avoir un effet bénéfique sur le système immunitaire et donc sur le bien-être général. Ce sont en général des bactéries des familles lactobacilles, bifidobactéries, et d'autres familles encore, que l'on rencontre dans les aliments fermentés.
Mais il ne faut pas oublier une chose, c’est que les probiotiques ne sont rien sans les prébiotiques.
Et que sont les prébiotiques ?
« Pré » signifie « avant », donc prébiotique veut dire avant la vie : les prébiotiques sont la « nourriture » des probiotiques. Ce sont les substances non digestibles qui servent de substrat à la flore intestinale, c'est-à-dire essentiellement les fibres alimentaires des végétaux que l'organisme ne peut pas digérer. Les probiotiques, eux, vont le faire à sa place.
Comment savoir si notre microbiote va bien ?
Lorsque notre microbiote va bien, il n’y a pas de signe ou de symptôme, vu que tout fonctionne normalement. On peut en revanche savoir s'il va mal grâce à certains signes comme des diarrhées à répétition, des troubles digestifs chroniques ou une grande facilité à tomber malade, à accumuler les épisodes infectieux. Je présente dans le livre les 7 signes qui doivent vous alerter.
Beaucoup de personnes mangent des yaourts pour faire du bien à leurs intestins. Est-ce efficace ?
C’est une bonne démarche que de vouloir prendre soin de son intestin ; et manger des yaourts peut améliorer la flore. Mais inutile de se gaver de yaourts. Vous pouvez en consommer 1 à 2 maximum par jour. Mais si vous n'en mangez que pour vos intestins, privilégiez plutôt le kéfir (boisson fermentée) car il a une plus grande diversité de bactéries et en quantité plus élevée.
Comment savoir si on doit prendre des probiotiques ? Comment les choisir ?
On peut prendre des probiotiques lorsqu’on a certaines maladies ou symptômes du système digestif, que je décris dans mon livre. On peut également faire des cures de probiotiques pendant 2 mois, espacées de 2 mois, ou de temps en temps pour entretenir sa flore. Il est préférable de choisir ses probiotiques en pharmacie pour éviter les contrefaçons, puis privilégier les gélules et les sachets qui sont plus efficaces que les comprimés. Dans Le Nouveau guide des probiotiques, je donne les critères pour choisir un bon probiotique, et les meilleures souches selon les problèmes de santé.
Les probiotiques peuvent par exemple avoir des effets bénéfiques sur les enfants pour des douleurs diffuses du ventre ou pour les problèmes de peau comme l’eczéma et chez les femmes enceintes pour améliorer les problèmes digestifs dus à la gestation ou pour améliorer le système immunitaire du nourrisson.
Faut-il aussi prendre des prébiotiques ?
La prise de probiotiques devrait toujours s'accompagner de prébiotiques pour qu’ils puissent bien s’installer et vivre dans notre flore. Une alimentation diversifiée et riche en végétaux est très importante pour que les probiotiques puissent s’installer correctement dans le microbiote intestinal. Car chaque probiotique a son prébiotique préféré, donc si on reste dans cette logique, pour avoir une flore développée et diversifiée, il faut une alimentation diversifiée, pour que chaque probiotique puisse avoir son substrat et se développer comme il faut.
Les probiotiques n’agissent-ils que sur la flore intestinale ?
Les probiotiques ont des effets directs et indirects. Directs, car ils vont enrichir la flore intestinale, et de ce fait améliorer le système immunitaire de l’organisme. Indirects car les probiotiques vont fournir des métabolites (grâce aux prébiotiques) qui vont être diffusés dans tout l’organisme. Par exemple pour l’arthrose, ces métabolites aident à diminuer les douleurs inflammatoires au niveau des mains, des genoux. Donc on peut dire que les probiotiques ont des actions qui concernent le corps tout entier.
En cas de traitement par antibiotiques, il est parfois conseillé de prendre des probiotiques. Le recommandez-vous ?
Effectivement les antibiotiques détruisent la flore, car ils sont étudiés pour détruire les bactéries, et comme on a pu le voir, les probiotiques sont des bactéries, certes des « bonnes » mais les antibiotiques ne font pas la différence. Lorsque vous êtes sous traitement, il est indispensable de manger des végétaux pour apporter des prébiotiques. Vous pouvez également utiliser des levures pour atténuer les effets des antiobiotiques sur votre flore. Et après le traitement, vous pouvez faire une cure de probiotiques pour remettre en place une bonne flore.
Les probiotiques ont-ils des effets indésirables ?
Ils sont très rares. Il y a un certain risque chez les personnes immuno-déprimées, les femmes enceintes ou les jeunes enfants. Dans ces cas spécifiques, il est préférable de parler à son médecin avant d'en prendre.
Une fois le microbiote remis en état, que doit-on faire pour le garder en bonne santé ?
Il faut reprendre les règles hygiéno-diététiques de base qui sont détaillées dans le programme proposé dans Le Nouveau guide des probiotiques, c’est-à-dire, pour les résumer :
- éviter le tabac;
- limiter l'alcool;
- manger une alimentation riche en fibres et la plus diversifiée possible;
- réduire le plus possible le contact avec les polluants, pesticides, herbicides;
- le tout sans se compliquer la vie.
Et si vous voulez, faire une cure de 2 mois de probiotiques, tous les 2 mois.
Qu’est-ce que la transplantation de microbiote fécal dont on entend de plus en plus parler ? Que peut-on en attendre ?
C’est une technique pratiquée en milieu hospitalier qui a pour objectif d’apporter directement dans le système digestif des patients des micro-organismes sains pour reconstituer la flore intestinale. Cette transplantation est réalisée sur des patients avec des infections très sérieuses où les antibiotiques n’ont eu aucun effet. C’est une pratique qui est de plus en plus utilisée, mais pour l’instant seule une infection est traitée avec cette pratique. Des études sont en cours pour la développer.
Propos recueillis par Marie-Charlotte RIVET BONJEAN