Dr Bérengère Arnal-Morvan : « la contraception est aussi une affaire d’hommes »

Dr Bérengère Arnal-Morvan : « la contraception est aussi une affaire d’hommes »

La pilule est-elle la meilleure option comme contraception ? D’autant que la pilule a défrayé la chronique du fait de ses effets secondaires, avec malheureusement des accidents vasculaires dramatiques. Le Dr Bérengère Arnal-Morvan a accompagné les femmes dans le choix de leur contraception pendant plus de 30 ans, avec le souci de prendre en charge globalement leur santé. Dans son livre, elle nous fait part de son expérience et de ses connaissances sur la contraception. Elle propose aussi des solutions pour impliquer plus les hommes dans les choix contraceptifs. Rencontre.

La question de la contraception repose souvent sur les femmes. Les mentalités ont-elles évolué ces dernières années ?

Les hommes n’ont aucunement été responsabilisés. Plus de cinquante ans après la commercialisation en France de la pilule, la contraception reste une affaire de femmes. Il est temps que les responsabilités en matière de contraception du couple soient enfin partagées et ne suscitent plus les ricanements gênés du conjoint lorsqu’il lui est proposé la vasectomie, par exemple. La contraception est aussi une affaire d’hommes.

Et que font les hommes en matière de contraception ? Car au fond, les femmes prennent tous les risques : ceux de la contraception très prolongée, de la grossesse non désirée, de l’interruption volontaire et de leurs complications respectives pour la santé, dont elles ne sont que peu averties ou pas averties du tout. Partageons les risques de la contraception. À quand des hommes moins peureux, plus responsables ?

Les mentalités ont un peu évolué tout récemment. Les dernières mesures gouvernementales ouvrent la porte aux hommes :

  • la consultation de santé sexuelle, de contraception et de prévention des maladies sexuellement transmissibles est désormais accessible aux jeunes hommes de moins de 26 ans : c’est une super nouvelle ;
  • les préservatifs masculins sont gratuits dans les centres de santé sexuelle et dans les centres de dépistage anonyme et gratuit (CeGGID). Deux marques de préservatifs, Eden et Sortez couverts ! sont prises en charge à hauteur de 60 % sur prescription d’un médecin ou d’une sage-femme. Ils sont délivrés en pharmacie sur prescription médicale et de façon confidentielle.

Comment impliquer plus les hommes dans la contraception du couple ?

L’information longtemps cachée ou minimisée sur les nombreuses complications des contraceptions hormonales associée à une tendance écologique nationale incontournable font que près d’une femme sur dix en France a recours des méthodes dites de « contraception naturelle » ou de « planification familiale naturelle » (PFN), celles-ci responsabilisent de plus en plus les hommes.

La recherche en matière de contraception masculine existe et s’active, boostée par la demande des femmes de partager avec les hommes, le poids de la contraception du couple. Que leur est-il proposé ?

  • ce dont ils disposent actuellement : le préservatif masculin, la vasectomie, le retrait (ce dernier est à éviter) ;
  • ce qui est à la disposition des hommes mais pas forcément encore validé : la contraception thermique (soit le slip chauffant, soit Andro-switch, un anneau (interdit à la vente actuellement) à poser à la base du pénis, permet de remonter les testicules pour en élever la température) ;
  • ce sur quoi travaille la recherche : la contraception hormonale masculine, un contraceptif oral à base d’ouabaïne, le RISUG (Reversible Inhibition of Sperm Under Guidance) et le Vasalgel, ces deux méthodes consistent à injecter dans les canaux déférents un produit qui va les boucher temporairement (13 mois).

Un frémissement est perceptible au ministère de la Santé, qui a prévu une saisine de la Haute Autorité de santé sur les méthodes de contraception masculine dans sa feuille de route 2021-2024 déclinant la stratégie nationale de santé sexuelle. Dans la dernière loi de financement de la Sécurité sociale, les députés ont également exigé un rapport du gouvernement sur les moyens à mettre en œuvre pour développer, promouvoir et prendre en charge la contraception masculine, avant le prochain budget de la Sécurité sociale.

La phytothérapie devrait-elle être plus souvent utilisée en gynécologie ? Par exemple pour le syndrome prémenstruel, les troubles de la ménopause, les douleurs des règles ?

C’est tout le combat que j’ai mené depuis mon installation en 1986. La phytothérapie a toute sa place en gynécologie et je pense avoir été une des pionnières de ce type de prise en charge après Maurice Girault et Rina Nissim. Le Dr Maurice Girault, gynécologue à Dijon, fut mon maître dans des circonstances très privilégiées. Il était enseignant dans l’équipe du Dr Paul Belaiche-Daninos dès le début du D.U de phytothérapie en 1987 et avait publié un traité de gynécologie et phytothérapie en 1979. Il n’existait, quand je me suis installée, qu’un seul autre ouvrage de référence, un manuel de gynécologie naturopathique, « Mamamélis », écrit en 1984 par Mme Rina Nissim, fondatrice du Dispensaire des femmes à Genève en Suisse.

Les éditions Thierry Souccar ont publié mon ouvrage sur le syndrome prémenstruel, il apporte énormément d’informations. Quant à la ménopause, j’ai tellement communiqué sur la possibilité d’une prise en charge naturelle au début des années 2000, que ma fille de quatre ans me présentait comme Mme Ménopause ! Oui pour toutes les indications que vous citez (et bien d’autres dans la médecine de la femme), la phytothérapie peut avoir sa place seule et/ou associée à l’allopathie et/ou associée à l’homéopathie et/ou la micronutrition.

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