Dr Bredesen : «On prévient et on inverse la maladie d'Alzheimer en agissant sur le mode de vie»

Dr Bredesen : «On prévient et on inverse la maladie d'Alzheimer en agissant sur le mode de vie»

Alzheimer est la seule maladie, parmi les 10 premières causes de mortalité, contre laquelle il n’existe aucun traitement efficace. Comment expliquez-vous que les progrès de la science n’ont jusqu’à présent, entraîné aucun progrès médical ? 

Dr Dale Bredesen : Tout simplement parce que la façon actuelle d’aborder la maladie d’Alzheimer n’est pas la bonne. Tout d’abord, les médicaments contre Alzheimer ne se concentrent que sur un seul aspect de la maladie, or il s’agit d’une maladie bien plus complexe : 36 facteurs contribuent à Alzheimer. Imaginez donc que vous ayez un toit percé de 36 trous et que votre médicament est capable de réparer l’un d’eux – alors oui, votre médicament a agi, il a bel et bien bouché un trou… mais il vous en reste encore 35 qui laissent passer la pluie et à l’intérieur de votre maison, la situation n’a pratiquement pas changé.
Par ailleurs, des expériences, menées sur des rats de laboratoires, suggèrent que la maladie d’Alzheimer est causée par l’accumulation dans le cerveau de plaques d’une substance gluante constituée de protéine bêta-amyloïde qui détruisent les synapses. Depuis les années 1980, ce que l’on appelle l’hypothèse amyloïde est considérée par la plupart des neurobiologistes comme un dogme intangible. Sauf que toutes les substances actives conçues pour détruire cette fameuse protéine bêta-amyloïde ont donné des résultats plus que frustrants.
 

Qu’est-ce qui fait que le protocole ReCODE est différent ? 

Les recherches qui ont mené au protocole ReCODE remettent en cause le credo central de la maladie d’Alzheimer, en montrant que cette maladie dévastatrice est en réalité un mécanisme de défense de la part du cerveau qui inclut la production de bêta-amyloïde. Cette protéine vouée aux gémonies depuis des décennies, celle dont tout le monde essaie de se débarrasser, est partie intégrante d’une réponse protectrice. Il n’est donc pas étonnant que les tentatives de la supprimer n’aient pas été très efficaces pour traiter la maladie.
 

Alzheimer serait donc le résultat d’un mécanisme de protection du cerveau. Contre quelles menaces se défend-il ?  

Le cerveau produit la protéine bêta-amyloïde pour tenter de se protéger contre trois menaces :
  • 1) l’inflammation (qui peut être due à des intolérances alimentaires, des infections chroniques…),
  • 2) les carences en nutriments, hormones et autres composés indispensables au fonctionnement du cerveau,
  • 3) les substances toxiques (métaux lourds, toxines…).
Résultat : l’accumulation de protéine bêta-amyloïde forme des plaques dans le cerveau, entre les neurones et bloque les espaces permettant leur communication : les synapses.
 

Comment avez-vous mis au point votre protocole ? 

Une fois que l’on admet que la maladie d’Alzheimer est la conséquence d’une lutte du cerveau pour se défendre contre l’inflammation ou contre un afflux de toxiques, la méthode optimale de traitement de la maladie devient évidente : identifier et supprimer les menaces – il y en 36 au total – qui amènent le cerveau à produire la bêta-amyloïde, originellement protectrice et supprimer la bêta-amyloïde déjà produite. Enfin, reconstruire les synapses détruites par la maladie. 
 

Comment concrètement évite-t-on au cerveau ces menaces ? 

Cela commence par des analyses médicales afin d’identifier pour chaque patient la nature de ses agresseurs. Selon les résultats, le protocole est personnalisé et vise, par des modifications du mode de vie, à faire en sorte que le cerveau ne soit pas amené à produire la protéine bêta-amyloïde. Pour faire une analogie, lorsque les équipes de sécurité d’un aéroport empêchent des terroristes de monter dans un avion, les passagers n’auront pas à les combattre en plein vol au corps à corps. De même, il est recommandé de confiner les neuroterroristes loin, très loin de notre cerveau. Aussi, il est nécessaire d’agir sur l’alimentation, le stress, l’activité physique... afin que le cerveau n’ait pas à se protéger. 
Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’en suivant le protocole ReCODE, chacune des valeurs sanguines (établies lors des analyses médicales) en dessous des taux optimaux, peut revenir à un niveau normal, voire optimal. La maladie d’Alzheimer n’est pas une fatalité.
 

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