Médicaments antireflux: bénéfices et inconvénients

Médicaments antireflux: bénéfices et inconvénients

L’objectif du traitement classique du reflux consiste à cicatriser les lésions éventuelles, soulager, voire si possible faire disparaître les plaintes, pour retrouver une vie normale, et à prévenir les récidives. Le traitement médicamenteux représente le traitement le plus fréquent. Comme le reflux est une affection répandue, les quantités de médicaments vendues chaque jour dans cette indication sont énormes. Certains d’entre eux, les inhibiteurs de la pompe à protons – les IPP – représentent d’ailleurs la classe de médicaments la plus coûteuse pour l’Assurance-maladie.
Comme le reflux est une maladie chronique, les traitements médicamenteux sont efficaces… le temps de la prescription ! Le plus souvent, à l’arrêt du traitement, les symptômes réapparaissent. Le médecin a ainsi le choix entre la prescription de traitements au long cours ou bien à la demande.
Le traitement médicamenteux se propose d’intervenir sur l’une des phases du reflux :

  • soit en protégeant localement la muqueuse par des substances au pouvoir antiacide ;
  • soit en modifiant la motricité gastrique et oesophagienne ;
  • soit en réduisant l’acidité de la sécrétion gastrique (ce sont actuellement les médicaments les plus utilisés).

Le premier grand inconvénient des médicaments, c’est qu’ils soulagent les symptômes des patients sans les guérir. Vous avez déjà constaté que leur arrêt vous ramène à la case départ. Le deuxième inconvénient est qu’ils ne s’en prennent pas à la véritable cause du reflux. Le problème reste entier et continue à exercer son effet néfaste sur la santé. Le traitement médical présente donc un intérêt, le temps d’organiser la riposte et de retrouver un peu de bien-être.
Un troisième inconvénient majeur du traitement médicamenteux est que, bien souvent, il se rajoute à une liste d’autres médicaments – il n’est pas rare aujourd’hui que certains patients âgés avalent entre 20 et 30 pilules par jour ! Se pose ainsi le risque de toxicité de certains médicaments sur la muqueuse oesophagienne, ainsi que le problème des interférences médicamenteuses que l’on peut difficilement prévoir au-delà de trois produits associés. Enfin, d’autres inconvénients des médicaments sont inhérents à leur classe thérapeutique et seront étudiés spécifiquement.

Les traitements à visée locale : les pansements antiacides

Ces médicaments sont indiqués en cas de reflux peu intense et peu fréquent.
Exemples : Gaviscon®, Maalox®, Phosphalugel®, Contracide®…
Cette classe de médicaments est la plus ancienne. De nombreux produits sont en vente libre et largement consommés en automédication.
Ils contiennent des substances antiacides qui tamponnent l’acidité de l’estomac. Certains d’entre eux, les « surnageants », contiennent en plus des alginates qui donnent une texture visqueuse ; celle-ci surnage à la surface de l’estomac et remonte à la place de l’acidité en cas de reflux.

Avantages
• Le soulagement est rapide.
• La forme sachet ou comprimé, facile à transporter, est bien adaptée à l’urgence.

Inconvénients
• Leur mode d’action consiste à tamponner l’acidité gastrique, qui a pourtant son utilité (à noter que, chez la plupart des reflueurs, la sécrétion gastrique acide n’est pas augmentée, donc pas en cause).
• Le soulagement est de courte durée, obligeant à des prises répétées, ce qui amène souvent à dépasser les doses conseillées.
• Certains médicaments contiennent de l’aluminium, qui est contre-indiqué en cas d’insuffisance rénale et qui pourrait favoriser la maladie d’Alzheimer. L’aluminium, pris de manière régulière sous forme d’hydroxyle (et non de phosphate), entraîne par ailleurs un risque de carence en phosphore. Pour cette dernière raison, il faut prendre le pansement assez loin du repas, soit environ deux heures après.
• Les pansements antiacides interfèrent avec l’absorption de nombreux médicaments (cyclines, fer, digitaliques, bêtabloquants, hormone thyroïdienne…) et doivent être pris à distance (prévoir au moins un délai de deux heures entre les prises).
• Ils diminuent l’efficacité de l’aspirine, couramment utilisée dans certaines pathologies cardiovasculaires.
• Certains contiennent des quantités non négligeables de sel, d’autres du sucre, deux produits qui, en excès, sont néfastes pour la santé.
• Le sorbitol, ou le lactitol parfois présent dans le médicament, peut entraîner des troubles du transit, des ballonnements et des douleurs abdominales.
• Des arômes chimiques, des conservateurs et parfois de l’aspartame entrent dans la composition de ces traitements.

Les modificateurs de la motricité

Ces médicaments sont indiqués en cas de reflux associé à des nausées, des vomissements, une lenteur digestive…
Exemples : Motilium®, Peridys®.
Cette classe de médicaments a suscité beaucoup d’espoir. Et si elle était à l’honneur il y a plusieurs années, elle est actuellement peu utilisée, en raison de l’arrivée sur le marché des bloqueurs d’acidité dont nous parlerons juste après. Le cisapride a connu son moment de gloire, mais, comme on a observé qu’il provoquait des troubles graves du rythme cardiaque, sa prescription est aujourd’hui limitée. Le dompéridone est davantage utilisé.

Avantages
Il améliore le tonus du sphincter inférieur de l’oesophage et accélère la vidange de l’estomac. Il a un effet bénéfique sur les nausées.

Inconvénients
• Il agit par voie sanguine et doit donc être pris au moins un quart d’heure avant chaque repas pour être efficace, ce qui représente un gros inconvénient pour l’observance du traitement.
• Il est dégradé par le foie et est déconseillé en cas de troubles hépatiques.
• Il peut augmenter la production par l’hypophyse de l’hormone prolactine. Il peut occasionner des troubles du rythme cardiaque en cas de coadministration avec un antifongique (anti-champignon), le kétoconazole.
• La forme en granulés effervescents contient du sucre et de l’aspartame.
• Le soluté buvable contient du sorbitol, qui peut occasionner des troubles digestifs.

Les bloqueurs de l’acidité ou inhibiteurs de la sécrétion gastrique acide

Ils sont indiqués en cas de reflux gênant ou chronique.
Ces médicaments vedettes appelés « antisécrétoires gastriques » sont en fait des bloqueurs de l’acidité (ils empêchent les cellules de l’estomac de sécréter l’acide chlorhydrique). Ils sont
en tête des ventes et représentent près de 90 % du marché des médicaments anti-reflux. Les premiers apparus sur le marché sont les anti-H2. Ils ont révolutionné le traitement des maladies favorisées par l’acidité (RGO, mais aussi ulcères de l’estomac ou du duodénum…). Les médicaments anti-H2 (« H » pour histamine) sont capables de bloquer certains récepteurs de l’estomac et d’induire ainsi une diminution de la sécrétion acide. Exemples : Tagamet®, Azantac®, Raniplex®…
Les seconds arrivés sont les IPP (inhibiteurs de la pompe à protons). Exemples : Mopral®, Zoltum®, Lanzor®, Ogast®, Inipomp®, Inexium®, Pariet®, Eupantol®. Les IPP agissent directement sur l’enzyme (la pompe à protons) responsable de la sécrétion de l’acide.

Retrouvez les avantages et inconvénients des bloqueurs de l'acidité dans Soignez le reflux naturellement.

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