La prévention de la famine est plus importante pour la survie que l’excès de réserves. L’adaptation de notre espèce à l’environnement fluctuant a mis en place un système de stockage très évolué en réponse aux risques. Toute émotion ressentie comme un risque active une cellule de crise qui stocke l’énergie, la graisse. Les signaux de la satiété sont cependant très nombreux, car le corps humain ne peut pas grossir indéfiniment.
Le temps
Il ne s’agit pas d’un signal à proprement parler, mais c’est un élément utile à connaître car il peut jouer en votre faveur. La régulation des aliments ingérés, la perception de leur quantité, l’évaluation du taux de sucre et la mise à jour des réserves prend un certain temps après le début d’un repas. Le délai pour que l’information soit évaluée par le cerveau est d’une vingtaine de minutes. C’est-à-dire que le centre cérébral de la satiété commence à être stimulé environ vingt minutes après le début de toute prise de nourriture, quoi que vous mangiez. Prenez votre temps, mastiquez bien, car il est possible d’ingérer beaucoup d’aliments en vingt minutes. Mangez, respirez, prenez votre temps.
La distension de l’estomac
Dans la paroi de l’estomac, se trouvent des capteurs de pression qui enregistrent la distension et la transmettent au système nerveux central par le nerf vague (qui fait partie du système parasympathique). Chez l’obèse, gros mangeur, la distension progressive de l’estomac diminue progressivement la sensibilité des capteurs, d’où une réduction du message d’interruption. Chez la personne en état de stress, le système sympathique est stimulé en permanence, donnant moins de chances à un signal parasympathique d’être entendu.
Les récepteurs oro-pharyngés
Ce sont la bouche et le nez, lieux de rencontre de l’odorat et du goût. Le goût et l’odorat sont intimement mêlés aux émotions, aux souvenirs et à l’enfance. Ils sont essentiels pour les choix alimentaires. Leur rôle est aussi de moduler la prise d’aliments spécifiques : au cours d’un repas, le même aliment déclenchera une émotion variable. Le premier rocher au chocolat est sublime, le second est juste bon au début, le troisième est écoeurant. De même, l’odeur provençale d’une cuisine à l’ail est exquise, sauf si vous avez déjà mangé le dessert. Le goût et l’odorat peuvent être cultivés et observés pour que chaque repas relève du sublime. Recherchez l’étymologie du mot « sublime » : il vient du latin sublimis qui signifie « sous la limite ». Dans notre langage, le sublime est devenu le summum, juste sous la perfection. Admettons qu’en matière de goût le sublime se situe juste sous la limite de la satisfaction et ce sera parfait. Pensez-y. Au-delà, c’est trop, c’est l’écoeurement, le dégoût et le stockage inexorable.
La chémosensibilité intestinale
C’est la perception chimique des aliments par l’intestin. En bref, l’intestin est sensible au contenu des aliments, renseigne le cerveau sur la disponibilité de chaque nutriment nécessaire et dit « stop ! » dès qu’un nutriment a comblé son déficit. D’où l’importance de varier son alimentation. L’intestin participe donc aussi au signal stop.
Les récepteurs du foie
Le foie commande le stockage et le déstockage du sucre mais il participe aussi au signal d’arrêt alimentaire. Des hormones de satiété sont envoyées lorsqu’une quantité trop importante de nourriture a été absorbée. Nausées et dégoût peuvent alors être ressentis.
Les hormones gastro-intestinales
L’estomac et l’intestin sécrètent leurs propres hormones pour dire « stop ! ».
Le conditionnement alimentaire
Nous débordons du cadre physiologique stricto sensu, mais il faut savoir que la réponse à un conditionnement peut être physiologique. Par exemple, si vous avez ingéré un jour un aliment qui a déclenché une réaction d’intolérance, il s’ensuit une aversion alimentaire pour cet aliment. Il se confirme que la satiété n’est pas qu’une régularisation du taux de sucre dans le sang. Elle envoie aussi des signaux positifs d’interruption.