3 régimes qui inversent le diabète

3 régimes qui inversent le diabète
Le diabète de type 2 est une maladie causée par une résistance à l'insuline, qui entraîne un sucre sanguin chroniquement trop élevé et épuise petit à petit le pancréas. Les médecins et les chercheurs ont longtemps pensé que les défaillances du pancréas à l’origine du diabète étaient irréversibles, comme la maladie. Or les études récentes montrent que ces cellules sont capables de se régénérer, donc qu’il est possible d’inverser le diabète.
S’il n’existe encore aucun médicament susceptible de régénérer le pancréas des diabétiques, l’alimentation, elle, a déjà remporté de beaux succès. Le protocole de l’université de Newcastle (un régime qui créée un déficit calorique brutal), le régime cétogène (pauvre en glucides et riche en graisses), le régime végétarien/végan ont ainsi permis à des milliers de personnes de guérir du diabète. Détails, témoignages à l’appui.
 

Le protocole de Newcastle ou diète "pseudo-chirurgicale"

Roy Taylor, un chercheur de l’université de Newcastle (Royaume-Uni) et son équipe sont à l'origine de ce régime aux résultats spectaculaires. Taylor avait fait l'observation que la chirurgie bariatrique, qui consiste à modifier la physiologie de la digestion avec par exemple un anneau gastrique, abolit très souvent le diabète chez les personnes opérées. Par ailleurs, on sait aujourd'hui que les cellules du pancréas qui produisent l’insuline sont capables de se régénérer, contrairement à ce qu’ils ont longtemps pensé. A partir de ces constats, Taylor et son équipe ont cherché à reproduire les effets de la chirurgie mais sans opération. Ils ont formulé un régime très strict et brutal de 600-800 kcal (calories) par jour pendant quelques semaines. Il a ainsi réussi à inverser le diabète chez des dizaines de patients dont le diabète était plus ou moins récent (1). Ce programme, qui a donné lieu à des publications scientifiques, est connu sous le nom de protocole de Newcastle et il suscite un intérêt considérable chez les diabétiques anglais et nord-américains. Un nouveau livre, écrit par Normand Mousseau, un ex-diabétique canadien, lui est consacré. 
 

Le principe : créer un choc hypocalorique pour éliminer les graisses du foie et du pancréas, à l'origine de la résistance à l'insuline. L’avantage du protocole de Newcastle c’est qu’il ne dure pas longtemps même s’il est drastique. Certains patients ne sont plus diabétiques après seulement 2 semaines. Et les effets semblent perdurer dans le temps, tant au niveau du poids perdu que du diabète. 

 
Le témoignage de Normand Mousseau : « Que demander de mieux? »
 
« J’ai commencé mon régime un dimanche soir de la mi-avril 2014, sans arrêter mon traitement médicamenteux : un pouding au chocolat de 160 kcal et une assiette de brocoli, tel que recommandé par Taylor. Je pesais alors 87 kg (contre 103 au moment où j’ai été diagnostiqué diabétique). Après deux jours, ma glycémie à jeun avait chuté à 0,85 g/l. J’ai donc décidé d’arrêter les médicaments, malgré la crainte de voir ma glycémie exploser après quelques jours. Cette explosion ne s’est jamais produite. Sans médication, mais toujours au régime, j’ai vu ma glycémie à jeun remonter un peu pour se stabiliser entre 0,95 et 1,03 g/l, des valeurs tout à fait acceptables.
J’ai dû arrêter mon régime après huit jours, pour cause de voyage. C’était une bonne occasion de tester l’efficacité du régime. Après quelques jours autour de 1,03 g/l, ma glycémie s’est mise à augmenter de nouveau. Dès qu’elle a atteint 1,12 g/l, j’ai décidé de reprendre ma médication. Ce n’est qu’en août que je me suis remis sérieusement à mon régime, désormais convaincu qu’il pouvait vraiment réussir si je le suivais assez longtemps. Profitant de l’absence de mon conjoint, j’ai réussi à mener à bien mon régime durant deux semaines, avec un minimum de pression et de perturbation. En septembre 2014, ne pesant plus que 75 kg, j’ai reçu la confirmation de la part de mon médecin : ma glycémie à jeun était maintenant de 1,08 g/l, et mon taux d’HbA1c, de 5,5%, et ce, sans aucune médication, alors que quatorze mois plus tôt, avec un diabète avancé, ma glycémie à jeun était de 2,61 g/l, et mon taux d’HbA1c, de plus de 10%. Officiellement, je n’étais plus diabétique ni même prédiabétique ! Un an plus tard, ayant maintenu mon poids et continué de pratiquer une activité physique régulière, je suis toujours en rémission, et ma glycémie à jeun se maintient entre 5,2 et 6,0 mmol/l. Selon le résultat de mon dernier test en laboratoire, à la mi-octobre 2015, avec une glycémie à jeun de 5,8 mmol/l, mon taux d’HbA1c n’estplus que de 5,1% – tout ce qu’il y a de plus normal – et l’ensemble de mes indicateurs – pression, cholestérol, etc. – est au beau fixe. Que demander de mieux ? »
 
 

Le régime cétogène

Puisque le diabète est une maladie du métabolisme des glucides, il semble logique que diminuer ces derniers de manière drastique peut aider. Surtout que l’organisme sait fonctionner sans glucides grâce à une voie métabolique spécialement conçue pour les périodes de jeûne et de disette : les corps cétoniques produits par le foie. Le régime cétogène consiste à mimer les effets du jeûne afin d’activer le métabolisme des cétones et de leur permettre d’être un carburant alternatif pour les cellules. C’est un régime très pauvre en glucides, riche en graisse et équilibré en protéines. 
 
Plusieurs études se sont penchées sur les effets de cette diète sur le diabète. Elles montrent que ce régime permet de perdre du poids, de contrôler sa glycémie et d’abandonner le recours aux médicaments. Par exemple, une étude de septembre 2016 montre que par rapport à un régime classique, le régime cétogène aboutit à une plus grande perte de poids et un meilleur contrôle du taux de sucre sanguin, avec les mêmes effets que le régime classique sur les marqueurs de santé (2). Chez les animaux le régime cétogène semble aboutir à un « foie gras » mais pas chez les humains (même si on manque encore d’études suffisantes pour pouvoir l’affirmer de manière certaine). 
 

En résumé, le régime cétogène, version extrême des régimes low carb, représente un bon moyen potentiel d’inverser son diabète. Son inconvénient : il faut le suivre sur le long terme et il est difficile de l’adopter sans contrôle médicale ou diététique (sous peine de ne pas être suffisamment en cétose pour qu’il fonctionne ou de manquer de nutriments essentiels).

 
Le témoignage de Bill : « Tout le monde autour de moi s’étonne de ma bonne santé »
 
« Je m’appelle Bill et je vis au Canada. En février cette année (2016), on m’a diagnostiqué un diabète de type 2 après un examen sanguin de routine. Ma glycémie était à 26 mmol/L ! Mon médecin m’a immédiatement prescrit des médicaments (Metformine notamment). Mais je n’ai jamais été un fan de médicaments, donc j’ai été sur Internet et j’ai découvert un site qui parlait des effets du régime cétogène contre le diabète. Plus je le lisais et plus j’étais déterminé à contrôler ma glycémie et à arrêter de prendre des médicaments. J’ai commencé le régime cétogène le 6 mars et immédiatement j’ai commencé à perdre du poids, à raison de 500 g par jour environ. Aujourd’hui (fin août 2016), j’ai perdu 20 kg et je me sens très bien. Mon insuline est sous contrôle, j’ai arrêté de prendre des médicaments et tout le monde autour de moi s’étonne de ma bonne santé. À mon avis, la discipline est la clé : vous devez absolument respecter la diète à la lettre si vous voulez qu’elle soit efficace. »
 
  • Pour savoir comment adopter le régime cétogène au quotidien, lisez Céto Cuisine
Le régime végan
 
Adopter une alimentation basée sur les végétaux semble aussi une bonne stratégie contre le diabète. A condition que les aliments végétaux ne soient pas transformés, mais le plus nature et complets possible. 
Un régime de type végétalien a ainsi été testé avec succès chez des diabétiques. Il consistait à éliminer tous les aliments d’origine animale (viande, charcuterie, lait, yaourt, œuf, poissons et produits de la mer…), à limiter les graisses végétales ajoutées (huiles, olives, avocats, noix et graines…), à privilégier les aliments riches en fibres (légumes, fruits, légumineuses, céréales complètes), à choisir des aliments à index glycémique bas ou modéré autant que possible et à prendre un supplément en vitamine B12. 
 
Selon plusieurs études ce régime a permis à des diabétiques de mincir, de mieux contrôler leur glycémie et de diminuer leurs médicaments (3). C’est pourquoi l’Association canadienne des diabétiques recommande désormais le régime végan aux diabétiques (4). D’autant que certains patients (voir témoignage) arrêtent même carrément leur traitement grâce à cette alimentation. 
 

En résumé, un régime vegan pauvre en graisses et riche en fibres permet, a minima, de contrôler sa glycémie et donc de limiter les complications du diabète. Pour ce qui est de la rémission, les preuves manquent encore même si elles commencent à s’accumuler.

 
Le témoignage de Marc : « Je suis fier de dire que je ne suis plus diabétique »
 
« On m’a diagnostiqué un diabète en 2002, l’année où ma mère est morte de cette maladie après 33 ans de bataille. J’ai pris pendant des années de la metformine et de la sitagliptine pour contrôler ma glycémie mais aussi une statine et un médicament anti-hypertenseur. En 2002, mon taux de A1C était de 8,8 (ce taux donne une moyenne des glycémies sur 3 mois, il est compris entre 4 et 5.7 normalement). En 2011, ce taux était monté à 10,5 (malgré différents régimes et de l’exercice physique) et mon médecin a décidé de passer aux injections d’insuline. Début décembre 2003, j’ai adopté une alimentation vegan et pauvre en graisses suite à la lecture du livre « Fork over knives » qui décrit les effets de cette alimentation chez les diabétiques. Depuis lors, je suis trois règles basiques : je ne mange aucun produit animal, je mange des aliments pauvres en graisses, et j’évite les aliments à index glycémique élevé. Résultats : en seulement deux mois, j’ai pu arrêter tous mes médicaments et depuis 3 ans je ne prends plus aucun médicament. Je suis fier de dire que je ne suis plus diabétique. »
 
 
Références
(1) Steven S, Taylor R. : Restoring normoglycaemia by use of a very low calorie diet in long- and short-duration Type 2 diabetes. Diabet Med. 2015 Sep;32(9):1149-55. doi: 10.1111/dme.12722.
(2) Goday A, Bellido D, Sajoux I, Crujeiras AB, Burguera B, García-Luna PP, Oleaga A, Moreno B, Casanueva FF. Short-term safety, tolerability and efficacy of a very low-calorie-ketogenic diet interventional weight loss program versus hypocaloric diet in patients with type 2 diabetes mellitus. Nutr Diabetes. 2016 Sep 19;6(9):e230. doi: 10.1038/nutd.2016.36.
(3) Neal D. Barnard, et al. A Low-Fat Vegan Diet Improves Glycemic Control and Cardiovascular Risk Factors in a Randomized Clinical Trial in Individuals With Type 2 Diabetes. Diabetes Care 29:1777–1783, 2006.
(4) Rinaldi S, Campbell EE, Fournier J, O'Connor C, Madill J. A comprehensive review of the literature supporting recommendations from the Canadian Diabetes Association for the use of a plant-based diet for management of type 2 diabetes. Can J Diabetes. Published online July 28, 2016.
 

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