Quand maman boit c’est bébé qui trinque !
C’est le message qu’a voulu faire passer le gouvernement français en août 2004 en lançant une campagne nationale destinée à prévenir le syndrome d’alcoolisation fœtale et à promouvoir l’abstinence totale pendant la grossesse. Les molécules d’alcool passent en effet dans le sang du fœtus à travers le placenta. Elles attaquent tout particulièrement le cerveau de bébé. L’alcool serait ainsi la principale source de retard mental d’origine non génétique ! Il serait également responsable de malformations, de troubles de la vision, de retard de la croissance… L’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) a annoncé que sur les 750 000 naissances annuelles, 700 à 2000 enfants souffriraient des conséquences de l’alcool. Les régions les plus touchées sont la Réunion, le Nord-Pas-de-Calais et la Bretagne.
Qu'en dit la science ?
Si les effets nocifs d’une consommation excessive d’alcool font consensus, la consommation modérée d’alcool suscite plus de débats. Différentes études ont montré les effets bénéfiques pour la santé d’une consommation modérée d’alcool. Le vin rouge fait d’ailleurs partie du régime méditerranéen, conseillé pour limiter le risque de maladies cardiovasculaires.
Une étude anglaise de 2010 n'a pas trouvé de trouble du développement et de la mémoire chez des enfants dont les mamans avaient bu modérément.
En 2013, des chercheurs britanniques ont étudié l’impact de la consommation d’alcool pendant la grossesse, sur près de 7000 enfants de 10 ans. Pour apprécier le développement neurologique de ces enfants, ils ont testé leur sens de l’équilibre. L’équilibre est en effet une donnée importante pour le développement neurologique et moteur des enfants. Les tests d’équilibre ont montré que la consommation modérée d’alcool pendant la grossesse était associée à un meilleur sens de l’équilibre chez les enfants. Cependant, les chercheurs soulignent que d’autres variables, comme la santé et le niveau d’éducation des mères, auraient pu influencer les résultats. En effet, les femmes qui buvaient modérément étaient plus âgées, financièrement plus aisées et plus éduquées. En revanche, l’abstinence et la surconsommation d’alcool (plus de 4 verres par jour) étaient associées à un statut socio-économique inférieur. Ceci pourrait expliquer les apparents bénéfices de la consommation modérée d’alcool pendant la grossesse.
En définitive, cette étude suggère que la consommation modérée d’alcool ne provoque pas d'effets nocifs graves sur le développement des enfants.
En résumé
Il est possible qu'un peu d'alcool soit tolérable pendant la grossesse. Le problème c'est qu'on ne sait pas définir la dose sans risque. De plus, certaines femmes qui métabolisent lentement l'alcool peuvent exposer le bébé à des niveaux dangereux alors même qu'elles auraient bu modérément. Pour ces raisons, les médecins déconseillent la consommation du moindre verre d'alcool pendant la grossesse : "Il ne vous viendrait pas à l'idée de servir du vin à un bébé de quelques mois, alors pourquoi en boire pendant la grossesse ?", dit l'un d'eux.