Quand l'intestin devient une passoire

Quand l'intestin devient une passoire

L’intestin grêle est un organe-clé, car il assure la digestion des aliments alors que sa muqueuse sert de barrière entre le milieu intérieur de l’organisme humain et les éléments nutritifs et autres provenant de l’environnement. D’une longueur de 5 à 7 mètres en moyenne chez un adulte, l’intestin grêle a une structure optimisée dans le but d’augmenter sa surface de contact.

À quoi ressemble l'intestin ?

Comme le décrit le Dr Médart dans Soignez le côlon irritable naturellement, l'intestin se présente sous la forme d'un tuyau épais présentant de gros replis sous forme de saillies. Ce tuyau est entièrement revêtu d’une structure évoquant une moquette qui donne à la paroi un aspect velouté dû à des « poils » de moins d’un millimètre de haut – les villosités intestinales.
L’ensemble de ces poils s’appelle judicieusement «bordure en brosse». Chacun de ces poils est revêtu d’une couche de cellules appelées entérocytes. Cette couche mesure à peine 4/100 de mm d’épaisseur. En dessous, il y a un tissu de soutien parcouru par d’innombrables vaisseaux sanguins microscopiques. Le sommet de chaque entérocyte est revêtu d’une structure évoquant un chapeau de plumes. En additionnant la surface des gros replis, celle des poils du « tapis » et celle des « plumes » des entérocytes, on obtient une surface énorme – environ 250 m2 – équivalente à celle de deux terrains de tennis !


L’intestin grêle représente donc une zone gigantesque où s’achève la digestion et c’est à travers elle que vont être sélectionnées les substances qui pénétreront dans l'organisme, c’est-à-dire, de façon sélective, les carburants raffinés et les substances nutritives essentielles. Grâce à des enzymes fabriquées par les entérocytes, les derniers morceaux de protéines sont en effet réduits en acides aminés, les derniers morceaux de glucides en sucres simples et les dernières particules de graisses en acides gras. Acides aminés, sucres simples et acides gras sont alors assimilés par les entérocytes et passent dans la circulation sanguine. Le problème de cette surface gigantesque est qu’elle est très fragile : d’une part par sa minceur (4/100 de mm), d’autre part par la durée de vie très limitée des entérocytes qui la tapissent.

La perméabilité intestinale

L’intestin grêle est une barrière de haute précision. Sa paroi permet le passage de macromolécules nécessaires à sa survie (les aliments issus de la digestion, l’eau, les minéraux), mais bloque l’entrée aux molécules indésirables comme les bactéries ou les molécules étrangères. Le passage des aliments dans le sang se fait de manière passive (diffusion) ou active au niveau des membranes des cellules de cette paroi, les entérocytes. Entre chaque entérocyte, il existe un espace dont le rôle est très important et qui s’appelle la jonction serrée. Cet espace a une fonction essentielle : il contrôle la perméabilité de l’intestin.
Jacqueline Lagacé le souligne dans son livre : les « jonctions serrées » jouent un rôle particulièrement important, car ces liaisons entre les cellules épithéliales de la muqueuse servent de barrières aux molécules insuffisamment digérées, donc trop grosses et nocives. Chez les individus en bonne santé, les jonctions serrées intactes d’un intestin mature jouent donc un véritable rôle de barrière vis-à-vis des macromolécules. Différentes molécules font office de messagers et régularisent le fonctionnement des jonctions entre les entérocytes, assurant le passage de petites molécules dans le milieu intérieur. Lorsque des jonctions serrées altérées ne peuvent bloquer efficacement le passage de grosses molécules d’origine alimentaire ou bactérienne, ces dernières traversent la muqueuse intestinale et peuvent alors induire l’apparition de maladies auto-immunes ou d’allergies.

La perméabilité intestinale, sous le contrôle d’une hormone

La perméabilité de l’intestin dépend de nombreux facteurs. Julien Venesson, dans Gluten comment le blé moderne nous intoxique avance qu'elle est notamment régulée par une protéine, la zonuline, qu’on peut considérer comme une hormone et dont la découverte date du début des années 1990. La zonuline est fabriquée par la muqueuse intestinale. D’une manière générale, cette hormone, de même que les jonctions serrées, sont la cible privilégiée des toxines produites par des bactéries pathogènes comme par exemple lors de gastro-entérite. La zonuline régule les mouvements de l’eau (lors d’une gastro-entérite, l’eau est attirée au niveau de l’intestin, ce qui provoque une diarrhée). Elle régule également le passage des molécules extérieures et des globules blancs de l’intestin vers le sang et celui des bactéries ; la zonuline nous protège ainsi d’une colonisation bactérienne. Tout ceci montre que la perméabilité de l’intestin grêle est sous l’influence de la zonuline. À l’heure actuelle, on ne connaît pas encore tous les facteurs capables de perturber la zonuline et donc d’augmenter la perméabilité intestinale. Il est probable que certains produits chimiques environnementaux comme les perturbateurs endocriniens ou les pesticides jouent un rôle non négligeable, mais l’alimentation semble le point le plus important étant donné la quantité de molécules que nous ingérons chaque jour volontairement. Au niveau alimentaire, peu d’études ont été menées, mais elles ont abouti à la conclusion que l’aliment qui provoquait la plus forte production de zonuline est le blé moderne chez les personnes atteintes de maladie cœliaque comme chez les personnes saines, et ce, quelle que soit la sensibilité génétique.

Les aliments qui perturbent la zonuline
Bien que les recherches soient encore en cours, il est néanmoins important de connaître les facteurs aisément modifiables qui perturbent la production de zonuline ou augmentent directement notre perméabilité intestinale. On peut citer notamment la caséine (80 % des protéines du lait et des produits laitiers sont de la caséine), les pommes de terre, les piments, la tomate, les médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens (aspirine, ibuprofène par exemple), la chimiothérapie, la radiothérapie, le déficit en zinc (qui touche plus de 79 % des Françaises) et le déficit en vitamine D (qui touche plus de 80 % des Français). Pour le Dr Jean Seignalet qui ne parle pourtant pas de zonuline, ce sont aussi ces aliments ou molécules qui sont responsables de l'hyperméabilité intestinale. Tout se recoupe.

Qu'est-ce que l'hyperméabilité de l'intestin ?

On sait depuis les années 1980 que, même chez un individu normal, l’étanchéité de l'intestin grêle est imparfaite et que des petits peptides franchissent la barrière intestinale via des jonctions serrées altérées. Même des protéines traversent la muqueuse en quantité faible mais non négligeable. On parle d’hyperméabilité du grêle, donc d’une condition pathologique, lorsqu’il y a passage de protéines alimentaires en quantité excessive. Ainsi, on peut observer des manifestations d’intolérance au lait de vache et au gluten chez un certain nombre d’adultes. Les migraines dues au lait, au blé et aux œufs guérissent par la suppression de l’aliment en cause. D’après le Dr Seignalet, une augmentation de la perméabilité du grêle a été prouvée chez la plupart de ses patients atteints de maladies inflammatoires chroniques. En suivant un régime hypotoxique tel que celui conseillé par le Dr Jean Seignalet, on peut donc réduire sa perméabilité intestinale et retrouver une qualité de vie perdue.

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