Il se développe lentement
Sa première caractéristique est la lenteur de son développement. Une cellule cancéreuse se multiplie en donnant deux cellules, puis quatre, puis huit… Il faut que ce processus se produise environ quarante fois pour atteindre le stade où les fonctions normales de l’organisme sont irrémédiablement détériorées et où la mort devient inéluctable. Or le cancer de la prostate a été surnommé la « tortue des cancers » en raison de la lenteur des divisions cellulaires. Pour la plupart des autres cancers, le temps de doublement se mesure en semaines. Pour la prostate c’est en mois ou en années.
Il se propage de manière limitée
Sa deuxième caractéristique concerne la manière dont ce cancer se propage. Il ne ressemble pas à ceux (cancer du poumon ou du côlon par exemple) qui métastasent sans discernement dans des organes vitaux comme le cerveau, les poumons et le foie. Pour des raisons encore obscures, les tumeurs secondaires d’un cancer de la prostate se retrouvent quasi uniquement dans les ganglions lymphatiques et la moelle osseuse – des localisations qui tolèrent mieux la présence de métastases.
Il se diagnostique facilement
Sa troisième caractéristique est la facilité d’un diagnostic précoce. La glande de la prostate n’étant pas plus grosse qu’une noix, sa petite taille permet d’effectuer des prélèvements biopsiques précis. Difficile de passer à côté d’un cancer, même minuscule, vu que l’on prélève des fragments de tissu à intervalles réguliers. La biopsie est, en fait, si efficace que le vrai problème est celui d’un surdiagnostic.
Il possède un test de dépistage fiable
Son quatrième aspect favorable est son dépistage précoce grâce au dosage du PSA (Prostate-Specific Antigen). Découvert au Japon en 1971, ce marqueur du tissu de la prostate est mesuré dans les pays occidentaux depuis 1987. On dispose aujourd’hui d’un test supplémentaire, plus pointu, avec le PCA 3. Le cancer de la prostate est le seul cancer disposant d’un test fiable qui permet de déceler une anomalie à un stade précoce.
Le gène 3 spécifique du cancer de la prostate (PCA 3)
Doser le PCA 3 est une méthode relativement nouvelle. On mesure l’acide ribonucléique (ARN) secrété par les cellules cancéreuses et que l’on retrouve dans les urines après un massage manuel de la prostate. D’après des études, la quantité de PCA 3 dans les urines augmente proportionnellement à la taille et à la malignité d’un cancer de la prostate. Contrairement au taux de PSA, celui de PCA 3 n’est pas lié à la taille de la glande. Une faible quantité de PCA 3 dans les urines, disons moins de 40, indique fortement l’absence de cellules cancéreuses. Entre 40 et 80, il s’agit probablement d’un cancer à faible risque. Un score de 80 à 100 ou plus suggère une forme plus agressive. Tout comme la tension artérielle, la température et même le taux de PSA, le dosage du PCA 3 peut varier d’un test à un autre. Une moyenne entre plusieurs résultats effectués à six mois d’intervalle est donc beaucoup plus fiable qu’un dosage unique.
Il se traite très bien
Sa cinquième caractéristique favorable est l’existence d’un traitement efficace. À l’époque où la pénicilline n’existait pas, une pneumonie, par exemple, était aussi mortelle qu’un cancer. Depuis les antibiotiques, cette époque est révolue. Ce que l’on oublie trop souvent, c’est que le cancer de la prostate possède sa propre « pénicilline » qui agit en empêchant la production et l’activité de la testostérone, l’hormone mâle qui stimule la croissance de ce cancer. Un inhibiteur de testostérone l’obligera donc à régresser. Le cancer de la prostate est l’unique cancer sensible aux inhibiteurs de la testostérone.
Dans Touche pas à ma prostate, les deux auteurs (un patient et un cancérologue) expliquent bien pourquoi selon eux ce cancer particulier ne nécessite dans la majorité des cas qu'une surveillance active mais pas de traitement chirurgical. Vous y apprendrez aussi les limites (pour le diagnostic et le patient) de la biopsie, pourtant massivement pratiquée.