Après Les clés du cancer, Laurent Schwartz publie Le bleu de méthylène, un livre consacré à une molécule méconnue, pourtant efficace dans de nombreuses affections. Dans cet entretien, il explique le potentiel de ce médicament ancien à redécouvrir, notamment pour le traitement du cancer.
Le bleu de méthylène est une molécule de synthèse dérivée du benzène qui a été fabriquée pour la première fois en 1876 pour la firme BASF, dans le but de fournir un pigment bleu à l’industrie textile. Aujourd’hui encore, il est utilisé dans l’encre des stylos.
Dans les années 1950, le bleu de méthylène a été testé comme anticancéreux chez l’animal, mais les résultats ont été oubliés pendant des décennies.
Pourquoi avoir écrit ce livre ?
Dr Laurent Schwartz : Avec de nombreux physiciens, mathématiciens et biologistes, nous travaillons depuis longtemps sur la compréhension du cancer. Nous en sommes arrivés à un point où nous pensons avoir compris l’essentiel. Le cancer, mais aussi d’autres maladies comme la dépression, la schizophrénie ou la maladie d’Alzheimer, ont tous un point commun : la mauvaise digestion du glucose.
Si nous retrouvons la littérature ancienne qui remonte parfois à plus de 100 ans, nous comprenons qu’une vieille molécule comme le bleu de méthylène est efficace dans l’ensemble de ces maladies.
Des essais thérapeutiques, mais aussi des essais rétrospectifs, montrent que le bleu de méthylène ralentit l’évolution du cancer, mais aussi de la dépression, d’Alzheimer ou du paludisme. Le bleu de méthylène est une molécule simple, sans effet secondaire majeur, qui devrait avoir sa place dans l’arsenal thérapeutique pour ces patients.
Quelles sont les applications du bleu de méthylène en médecine ?
Dr L. S. : Le bleu de méthylène est présent dans tous les chariots d’urgence car c’est un traitement reconnu de nombreuses maladies. Ce que nous avons retrouvé, c’est que le bleu de méthylène est efficace non seulement dans les maladies rares comme la méthémoglobinémie, mais aussi dans des affections beaucoup plus fréquentes. Il représente une alternative aux traitements plus modernes. Il est efficace dans de nombreuses infections, qui vont du paludisme aux aphtes buccaux, mais aussi dans des pathologies beaucoup plus lourdes où son emploi a été validé par des essais thérapeutiques. Pour une raison que je ne comprends pas, ce médicament bon marché, efficace et sans effet secondaire majeur ne fait pas partie de la pharmacopée actuelle.
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Comment le bleu de méthylène peut-il agir contre le cancer ?
Dr L. S. : Le bleu de méthylène bloque la fermentation cancéreuse liée à l’excès de glucose. Dans nos propres publications, nous avons démontré qu’il ralentissait la croissance des tumeurs chez les souris. D’autres ont montré, dès le début du 20e siècle, que chez les malades, à des doses raisonnables, il ralentissait la croissance des tumeurs. Ces publications multiples datant de plus de 100 ans ont été oubliées. Le but de ce livre est de les remettre à l’avant de la thérapeutique moderne.