Tout le monde sait que la maladie d’Alzheimer correspond à un déclin graduel des facultés mentales et de la mémoire. Elle est considérée comme la forme de démence sénile la plus fréquente après 65 ans. Selon l’âge, elle peut évoluer pendant 8 à 15 ans avant d’entraîner la mort, les symptômes s’aggravant plus ou moins rapidement selon les personnes. Actuellement il est impossible d’enrayer son évolution.
Les causes de la maladie
On sait que la maladie est liée à la présence simultanée de deux types de lésions dans le cerveau : des dégénérescences neurofibrillaires et des plaques amyloïdes, mais l’on ne sait pas à quoi ces lésions sont dues ni même si elles sont la cause ou la conséquence de la maladie. La présence de ces lésions ne signifie pas forcément que la personne développera une maladie d’Alzheimer et, à l’inverse, il semble qu’il y ait des personnes qui aient tous les symptômes de la maladie sans que ces deux lésions soient présentes dans le cerveau.
Au niveau du métabolisme cellulaire, il y a une particularité qui intrigue les chercheurs : chez les malades d’Alzheimer, les neurones (cellules nerveuses) ne parviennent plus à utiliser le glucose qui est leur première source d’énergie habituellement. Or sans énergie, pas de vie : les neurones ne peuvent pas vivre et fonctionner normalement. Du fait de cette incapacité à utiliser le glucose, certains chercheurs considèrent la maladie d’Alzheimer comme une sorte de diabète du cerveau, un diabète de type 3.
Un peu de biologie
Pour diagnostiquer la maladie, les médecins effectuent le dosage dans le liquide céphalo-rachidien de certaines protéines spécifiques de la maladie, les protéines Tau et bêta-amyloïde Abêta42, que l’on retrouve à des concentrations plus élevées chez les malades que dans la moyenne de la population.
La protéine Tau est une protéine qui est présente de façon normale dans le cerveau (Tau pour Tubulin Associated Unit en anglais). Elle semble protéger les neurones. Lors de la maladie d’Alzheimer, un processus anormal entraîne une modification de la structure de la protéine Tau par phosphorylation.
Cette protéine Tau anormale finit par s’agréger et constituer des filaments pathologiques dans les cellules nerveuses : il y a alors une dégénérescence neurofibrillaire qui touche à la fois les corps cellulaires des neurones (dégénérescence neurofibrillaire proprement dite) et leurs prolongements (enchevêtrements neurofibrillaires). Cela entraîne une destruction progressive des neurones et leur mort. On parle de « tauopathie ».
La protéine Abêta42 est un polypeptide constitué de 39 à 42 acides aminés, nommé amyloid beta (Abêta), qui résulte de la coupure d’une protéine plus grande, appelée APP (amyloid protein precursor). Les dépôts de ce peptide signent le début de la maladie d’Alzheimer. Les dépôts sont d’abord diffus puis se généralisent.
Pour que se développe la maladie d’Alzheimer, il faut la conjonction des deux phénomènes :
- phosphorylation anormale de la protéine Tau avec agrégation dans la cellule nerveuse d’une part,
- et accumulation du peptide Abêta42 dans tout le cerveau d’autre part.
Les symptômes qui doivent alerter
De façon générale, les premiers symptômes de la maladie d’Alzheimer qui doivent alerter et amener à compléter les investigations sont les suivants :
- des troubles de la mémoire des faits récents, puis des faits plus anciens ;
- des troubles de l’orientation dans le temps et dans l’espace ;
- des troubles des fonctions exécutives : calcul, jugement (pourquoi un vêtement très chaud alors qu’on est en plein été ?), pensée abstraite, etc. ;
- des troubles du langage (aphasie) ;
- des difficultés à réaliser des gestes et des actes de la vie courante malgré des fonctions motrices normales (apraxie) ;
- des difficultés à reconnaître des personnes ou des objets, bien que les fonctions sensorielles soient intactes (agnosie).
La présence de plusieurs de ces symptômes représente une alerte importante.