À chacun son swing ne fournit pas de nouvelles techniques à suivre à la lettre mais propose au contraire de s'améliorer en tenant compte de ses mouvements naturels. Pourquoi ?
Dominique Fournet : Dans le sport en général, on part de la technique, de ce qui est visible depuis à l'extérieur mais pas de ce qui se passe à l'intérieur, de manière invisible.
Or nous avons tous des préférences différentes au niveau cérébral, sportif ou alimentaire. En connaissant mieux ses besoins spécifiques, on peut plus facilement y répondre, et faire le tri entre tous les conseils pour choisir ceux qui sont adaptés.
Ce livre constitue donc un renversement du système habituel : partir non pas de la technique mais de la personne et ce qui la caractérise. L'idée est de ne pas se contenter uniquement de mieux taper la balle mais de permettre à l'individu d'exprimer sa différence. Et le témoignage d'Antoine tout au long du texte permet de bien s'en rendre compte.
Ce qui est exposé dans le livre ne s'applique donc pas qu'au golf ?
Effectivement. Le livre parle du mouvement en général : le mouvement corporel certes mais aussi le mouvement cérébral, celui de l'intention liée à l'action. Il s'agit d'abord de comprendre comment on fonctionne de manière prioritaire. Car c'est en respectant son mouvement naturel, ses préférences motrices, que l'on pourra s'améliorer le plus facilement. Connaître la manière dont on bouge, c'est une étape préalable valable pour tous les sports. Clarifier les intentions justes pour agir correctement est l'étape d'après, spécifique à chaque sport. Et dans ce livre, l'application est celle du golf.
Le livre peut donc être utile en dehors du green ?
Il y a évidemment un moment où la mise en pratique sera importante mais la majorité du livre est conçue pour prendre conscience de ses préférences motrices et de ses intentions, de comment on peut envisager un entraînement différent. Ce guide se veut une référence sur laquelle on peut revenir. Les golfeurs ayant un tapis de putting à la maison, par exemple, pourront aussi l'utiliser chez eux.
Que sont les préférences motrices sur lesquelles le guide s'appuie?
Il existe de nombreuses manières de bouger mais on peut les réduire à 4 catégories principales. Elles dépendent d'une part de la position du point mobile, c'est-à-dire un point de coordination autour duquel s'organise les mouvements. Il peut être soit situé en haut de la colonne vertébrale, soit en bas. Dans le premier cas, le mouvement se construit en dissociant les épaules et le bassin. Dans le second, il se construit en associant épaules et bassin. D'autre part, ces catégories motrices dépendent de la manière dont on se met en mouvement : plutôt en mettant son poids vers l'avant, ou plutôt vers l'arrière.
Le livre promet de réduire les douleurs chroniques grâce à cette meilleure connaissance de soi. C'est parce qu'on ne fait plus de mouvements contraires aux mouvements naturels ?
C'est un peu plus complexe que cela. Quand on se blesse, c'est généralement pour deux raisons : soit parce qu'on fait des mouvements qui ne vont pas dans notre sens naturel, soit c'est au contraire parce qu'on reste trop dans ce qu'on est. Dans ce dernier cas de figure, on ne permet pas au corps de récupérer en changeant d'énergie.
En effet, le corps va toujours choisir le système moteur qui a le plus d'énergie et donc naturellement il passe d'un système à l'autre. Pour prendre un exemple courant, qui parle à tout le monde, un droitier va porter sa valise avec la main droite mais quand ce bras commence à tirer, il passe la valise à la main gauche pour le reposer. En conséquence, pour limiter le risque de blessure, il ne faut se bloquer ni dans une technique inadaptée, ni dans un système de mouvement rigide et immuable.
Il faut donc s'entraîner aussi dans un système moteur qui n'est pas celui qui a notre préférence première ?
Tout à fait. Le mouvement, c’est la vie ! Libérer tout son potentiel, c’est utiliser tour à tour toutes ses ressources : lorsqu’une réserve de mouvement s’épuise, le corps puise naturellement dans l’autre. Pour faire face à toutes les situations en compétition, c’est donc ce mouvement qu’il faut maîtriser et développer à l’entraînement.