Aller à la salle de sport plusieurs fois par semaine, courir le week-end, et le reste du temps, rester assis au bureau, dans sa voiture ou sur le canapé : est-ce vraiment ce qu’il y a de mieux pour notre santé ? Le fossé entre ce que nous réalisons physiquement aujourd’hui et ce dont notre corps est capable est immense. Pour améliorer notre santé, nous devrions changer la manière dont nous bougeons et considérons le mouvement.
Le livre de Katy Bowman, Que ton mouvement soit ton médicament, nous alerte sur les dangers de l’extrême pauvreté de nos mouvements quotidiens.
Dans cet entretien avec l’auteure, découvrez certains des concepts qu’elle développe dans son livre afin de nous aider à revenir à une vie de mouvement naturel.
Pourquoi avez-vous écrit Que ton mouvement soit ton médicament ?
Katy Bowman : J'ai écrit ce livre parce que le niveau actuel de sédentarité est alarmant et se répand dans le monde entier. Nous bougeons moins globalement, nous bougeons moins notre corps quand nous bougeons et nous en subissons les effets.
Je veux que les gens comprennent que les corps - et leurs cellules - ont besoin de mouvement tout le temps, et qu'il existe des opportunités de mouvement partout, que nous pouvons saisir pour que notre corps et nos vies se sentent mieux. Cela ne signifie pas que nous devons trouver encore plus de temps pour faire de l'exercice ; nous devons commencer à remettre du mouvement dans nos tâches quotidiennes.
Nous devons également comprendre toutes les façons dont certaines parties de notre corps peuvent être sédentaires même lorsque nous pensons que nous bougeons. Ce livre vise à aider les gens à mobiliser ces parties « collantes » du corps afin que nous puissions nous bouger plus, mieux, toute la journée.
Nous pouvons réellement nous sentir mieux, peu importe notre âge ou notre niveau actuel de forme physique. Nous pouvons continuer à faire tout ce que nous aimons faire, et en faire plus, si nous prenons soin de notre corps et trouvons des moyens de remettre du mouvement dans nos vies.
Quelles différences entre la façon dont nous bougeons au 21e siècle et celle des chasseurs-cueilleurs ?
Nous savons, à partir des données recueillies en étudiant les tribus contemporaines de chasseurs-cueilleurs, la quantité de mouvement présente dans leur vie quotidienne et vraisemblablement dans celle des populations anciennes également. Alors que beaucoup ne pensent qu'aux mouvements intenses lors de la chasse, la vie d’un chasseur-cueilleur nécessite en fait une grande variété de mouvements quotidiens : de longues marches fréquentes pour trouver de nouveaux gibiers, creuser pour trouver des tubercules, s'accroupir et s'asseoir au sol pour se reposer, grimper pour récupérer des fruits, des œufs, et atteindre des champignons, porter de l'eau et des bébés, dormir sur des surfaces non rembourrées.
Par opposition, nous sommes sédentaires presque tout le temps, même les sportifs parmi nous ne bougent qu'une heure par jour. Nos positions assises sont généralement soutenues par des chaises et nécessitent donc moins d'énergie pour nos muscles, et nous pouvons obtenir tout ce dont nous avons besoin, de la nourriture au logement en passant par de potentiels partenaires amoureux, en scrollant sur notre téléphone avec notre pouce plutôt qu'en utilisant tout notre corps.
Y a-t-il des conséquences sur notre santé ?
Oui, il y a des conséquences directes sur notre santé à ce manque de mouvement. Nous pouvons voir des maladies telles que les maladies cardiaques, le diabète, les douleurs au dos, aux genoux et aux hanches, l'ostéoporose et bien d'autres survenir chez les populations sédentaires.
Comment les vêtements et chaussures peuvent-ils avoir des impacts négatifs sur notre santé ?
Nos vêtements en général nous resserrent plus que nous ne le pensons. Les ceintures serrées affectent la digestion et la facilité avec laquelle nous pouvons nous pencher ou nous tourner dans différentes directions. Les jeans trop rigides ou ajustés peuvent empêcher les genoux et les hanches de s'accroupir et les vestes de tailleur ne permettent souvent même pas à nos bras de se lever au-dessus de la tête. Recherchez des vêtements qui vous aident à bouger davantage et qui ne découragent pas certains mouvements. Les chaussures ont également tendance à être rigides, étroites et à talons : des caractéristiques qui modifient la façon dont nos orteils, nos chevilles, nos genoux, nos hanches et notre colonne vertébrale bougent. Afin d'avoir des pieds forts et souples, nous devons leur permettre de s'étirer et de se plier naturellement à chaque pas. Donc il est important de faire une transition lente vers plus de temps passé pieds nus, vers des chaussures minimalistes, afin de contrer la douleur au pied, restaurer sa fonction et aider toutes nos articulations à fonctionner de façon optimale.