Comment en êtes-vous venu au concept de T.R.E ?
Nous avons tous déjà fait l’expérience d’un tremblement involontaire lorsque nous sommes effrayés, nerveux ou même en colère. Mais pourquoi notre corps fait-il cela ? Nous le savons maintenant grâce à l’observation des animaux soumis à un stress intense. Ils adoptent toujours la même séquence comportementale : fuite ou combat, immobilité, puis tremblements des membres. On sait aussi que les animaux sauvages capturés ne survivent pas si, lorsqu'ils sont relâchés dans le milieu naturel, ils ne s’immobilisent pas un instant et ne tremblent pas. Ceci a conduit des chercheurs à penser que ce comportement des animaux qui passe par le tremblement des membres est souvent réprimé chez nous. Des biochimistes ont montré que le tremblement permet d’évacuer les messagers chimiques accumulés après un stress, ce qui favorise le retour du corps à un état de repos ou de détente. J’ai donc mis au point des exercices dits T.R.E (trauma releasing exercises – exercices de relâchement post-traumatiques) pour activer ce mécanisme naturel et réveiller le processus de relâchement des tensions.
En quoi consistent les exercices ?
Le principe est de stresser légèrement les muscles du corps, puis de les étirer. On applique cela à toute une série de muscles. Et grâce à ce rythme pulsatile, les muscles passent alternativement de la contraction au relâchement. Et ensuite la personne peut s’allonger sur le sol sans rien faire et non seulement cette pulsation continue, mais elle commence de diffuser dans le corps tout entier – c’est l’objectif – pour atteindre des muscles qui sont excessivement contractés et les amener à ce même rythme pulsatile. Tout le corps s’en trouve en définitive relâché.
Quels sont les bénéfices de votre méthode ?
Nous avons appliqué les exercices T.R.E. pendant 15 ans dans 19 pays ravagés par la guerre, en Afrique et au Moyen-Orient. Ces exercices ont aidé les populations à guérir des traumatismes, et soulager les symptômes du syndrome de stress post-traumatique. Nous avons également utilisé les T.R.E pour réduire l’anxiété chez des adolescents et des étudiants américains, ainsi que dans l’armée américaine et d’autres corps d’armée soumis à des stress comme les militaires colombiens. Les témoignages recueillis montrent que les personnes qui pratiquent les exercices TRE dorment mieux, elles sont moins anxieuses, moins inquiètes, ont moins de conflits relationnels, souffrent moins du stress professionnel, voient leurs douleurs musculaires et leurs tensions corporelles diminuer, disent avoir plus d’énergie et d’endurance.
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Vidéo : David Berceli enseigne les T.R.E. aux vétérans de l’armée colombienne
Qui peut bénéficier de cette méthode ?
La méthode T.R.E a été développée en priorité pour traiter le syndrome de stress post-traumatique. Elle s’adressait donc initialement, et encore aujourd’hui, aux personnes victimes de catastrophes naturelles ; aux victimes de guerre, de viol ou de crime, aux militaires. Mais elle est maintenant utilisée pour traiter toutes les formes d’anxiété et de douleur, et comme les traumatismes de ce type précèdent la dépression, il est probable que les personnes dépressives peuvent en bénéficier.
Cette pratique est-elle sûre ? Ne prend-on pas le risque avec elle d’être traumatisé à nouveau ?
N’importe quelle intervention peut faire ressurgir un trauma, y compris une thérapie de psychologie cognitive. Si une personne entre dans le cabinet de son psy avec une histoire d’abus sexuel datant d’une ou deux semaines et que le psychologue ferme (naturellement) la porte derrière elle, la cliente peut se dire « Oh mon Dieu, me voilà enfermée avec un homme dans une pièce ! » et provoquer une réaction post-traumatique (tremblements par exemple). Dans ce cas, ce n’est pas le thérapeute ou la thérapie qui a réveillé le traumatisme mais les circonstances qui ont créé un climat propice à la réactivation du trauma. De plus, réactiver un trauma, dans un cadre sécurisé, n’est pas la même chose qu’être traumatisé de nouveau. Dans le cas des exercices TRE, même s’ils réveillent un trauma, ils induisent aussi le mécanisme permettant de le guérir.
Si l’on veut faire des T.R.E, est-ce contraignant ?
La plupart des thérapies existantes utilisées pour traiter les stress intenses et l’anxiété nécessitent plusieurs dizaines d’heures de pratique par semaine, alors que pour les T.R.E., 3 séances de 20 minutes, c’est-à-dire une heure hebdomadaire, sont suffisants pour voir des résultats.
