Pourquoi lancer un appel aujourd’hui ?
Depuis vingt ans je suis cardiologue et je m’intéresse au stress par la force des choses. Les patients que je reçois sont désemparés, inquiets car ils présentent des douleurs dans le thorax, des palpitations, des oppressions et demandent non seulement à être rassurés mais aussi de l’aide et une solution. Le stress est une véritable maladie. Il mérite tout l’intérêt des médecins.
Comment traite-t-on le stress aujourd’hui en France ?
Ceux qui consultent un médecin s’entendront dire le plus souvent : « C’est nerveux ! C’est le stress ! » Pas d’explication, pas de traitement ! Ou alors quelques conseils flous : détendez-vous, faites du sport, relativisez...
La relaxation, le sport ont pourtant un intérêt dans la gestion du stress.
Bien sûr. Mais encore faut-il donner aux patients un minimum de conseils concrets. Dans le livre « 6 ordonnances anti-stress », nous avons rassemblé des techniques qui ont fait leurs preuves, comme la cohérence cardiaque, avec les explications de spécialistes reconnus.
Quelle est la place de disciplines comme la nutrition et la phytothérapie dans la gestion du stress ?
Elle est très importante, comme l’expliquent d’ailleurs le Dr Jean-Paul Curtay dans la partie qu’il consacre au rôle du magnésium et le Dr Eric Ménat dans celle qu’il consacre aux plantes. Encore faut-il savoir bien les utiliser, et trop peu de médecins sont formés à ces pratiques.
Peut-on donner un médicament pour diminuer le stress ?
Lorsque le praticien propose un traitement, la plupart du temps ce sera un psychotrope (anxiolytique, antidépresseur) dont nous sommes, en France, les plus grands consommateurs au monde ! Or ces médicaments ne sont pas adaptés au traitement du stress. Ils sont destinés aux vrais anxieux et déprimés. Il semble qu’en France on confonde le stress et ses complications… Aujourd’hui je voudrais rappeler aux médecins qu’il existe une autre classe de médicaments totalement oubliée dans l’indication du stress, ce sont les bêtabloquants.
Quel est l’intérêt de ces médicaments par rapport aux psychotropes ?
Les psychotropes agissent sur notre cerveau et notre psychisme avant tout par un mécanisme sédatif. Les bêtabloquants initialement destinés à lutter contre l’hypertension artérielle présentent une propriété originale : ils diminuent l’action de l’hormone clef du stress, responsable des symptômes, l’adrénaline. Depuis de nombreuses années, j’observe de très bons résultats chez mes patients qui sont souvent transformés.
Et du côté des effets secondaires ?
Ils en ont comme tous les médicaments mais bien moins que les psychotropes ! Faut-il rappeler que les psychotropes présentent un risque de véritable toxicomanie ? Il y a aussi des contre-indications aux bêtabloquants mais elles sont peu nombreuses.
Pourquoi les bêtabloquants ne sont-ils pas plus prescrits selon vous ?
Il y a plusieurs raisons. La première c’est que tout simplement le médecin n’y pense pas parce que ces médicaments n’ont pas d’AMM dans l’indication du stress. Ensuite parce qu’il faut un électrocardiogramme avant la prescription, les psychotropes, eux, ne nécessitent aucun examen préalable. Enfin il y a les enjeux commerciaux. Les bêtabloquants ne sont plus très rentables pour les laboratoires pharmaceutiques, la plupart sont tombés dans le domaine public, les génériques sont peu coûteux.
Les médecins devraient donc s’intéresser à ces médicaments ?
Dans tous les cas, le traitement médical doit être initié en dernier recours, lorsque les autres approches que nous décrivons en détail dans notre livre ont été tentées. Compte tenu de la place du stress, il y a une nécessité pour les médecins de se former à la nutrition, la phytothérapie, la relaxation. En dernier recours, le traitement du stress par bêtabloquants pourrait offrir une alternative aux médecins dans leurs prescriptions et aider énormément de gens. Bon nombre de privilégiés acteurs, chanteurs, présentateurs télé, avocats… en bénéficient le plus souvent par mon intermédiaire. Mais rarement le grand public.