Julien Venesson : « L’alimentation paléo n’est pas du tout celle qu’on imagine »

Julien Venesson : « L’alimentation paléo n’est pas du tout celle qu’on imagine »

À qui s’adresse votre nouveau livre ?

Paléo Nutrition s’adresse à un public très large : les sportifs de force qui veulent améliorer leurs performances et leur santé (débutants comme compétiteurs), les sportifs d’endurance qui veulent aller plus vite et plus longtemps (loisir ou haute performance), les personnes touchées par une maladie chronique (maladie inflammatoire chronique de l’intestin, hypertension, arthrose, diabète, maladie auto-immune, etc.), les personnes sédentaires en bonne santé et qui veulent le rester et aussi toutes les personnes qui souhaitent réellement comprendre l’alimentation et les besoins de l’être humain.

En quoi l’alimentation paléo peut-elle permettre de comprendre les besoins de l’être humain ?

Aujourd’hui quand on entend parler d’ « alimentation paléo », on laisse penser que ce concept ne s’adresse qu’à une bande d’illuminés ou d’orthorexiques. Mais il ne faut pas s’arrêter aux apparences. En réalité, l’alimentation paléo est le fruit de l’ensemble des recherches scientifiques de ces 100 dernières années sur l’évolution. Cela inclut les recherches en nutrition, mais aussi les recherches en génétique, en archéologie, en anthropologie ou en biochimie. Ainsi, s’intéresser à l’alimentation paléo permet de comprendre pourquoi notre corps a besoin de vitamines pour survivre, savoir si nous sommes faits pour un régime alimentaire cru, savoir si une alimentation 100% végétale nous est réellement parfaitement adaptée, comprendre pourquoi les intolérances alimentaires les plus fréquentes concernent les céréales ou les produits laitiers, comprendre pourquoi certains compléments alimentaires sont indispensables pour optimiser sa santé alors qu’il s’agit d’une invention de l’homme moderne, etc. Toute personne qui s’intéresse à la nutrition et qui veut comprendre cette discipline profondément devrait s’intéresser à l’alimentation paléo et à ses fondements.

Quels sont les bénéfices en termes de performance que l’on peut attendre de l’adoption d’un régime paléo ?

Cela dépend avant tout d’où l’on part. Pour quelqu’un qui mange « comme tout le monde », le passage à une alimentation paléo provoque inévitablement une perte de masse grasse, un gain de masse musculaire, une baisse de la fatigue et une hausse des performances. Tout simplement parce qu’on supprime tous les aliments qui perturbent le fonctionnement optimal de l’organisme. Pour quelqu’un qui maîtrise déjà tous les aspects de la diététique sportive (index glycémique, équilibre acide-base, optimisation de la recharge en glycogène, choix des lipides pour la récupération, répartition optimale des repas et des apports en protéines et en glucides, nutrition spécifique de l’entraînement sportif, etc.), le bénéfice sur la performance sera bien entendu beaucoup plus léger. En revanche, il sera manifeste sur la santé : que ce soit pour venir à bout de problèmes chroniques ou pour la conserver.

Justement, quel est l’impact exact de l’alimentation paléo sur la santé ?

Ce n’est plus un secret : notre intestin joue un rôle majeur pour notre santé ; aussi bien physique (c’est le siège du système immunitaire), que mentale (on y trouve de nombreux neurotransmetteurs). L’alimentation paléo exclut tous les aliments qui augmentent la perméabilité intestinale. On a donc la meilleure arme pour mettre au silence toutes les maladies qui ont un lien avec la perméabilité intestinale, comme la polyarthrite rhumatoïde, la thyroïdite de Hashimoto, le psoriasis, la maladie de Crohn, la rectocolite hémorragique, la fibromyalgie, le côlon irritable (liste non exhaustive). Par ailleurs l’alimentation paléo permet de comprendre pourquoi certains aliments sont responsables d’intolérances alimentaires. En les supprimant, on fait disparaître ou on améliore d’autres pathologies comme l’arthrose, l’endométriose, les maux de tête chroniques, l’acné, le syndrome des ovaires polykystiques, et j’en passe. Bien sûr une liste si longue peut prêter à sourire, mais il faut faire l’essai pour le croire, après tout, on ne risque rien d’autre que d’aller mieux !

Il semblerait que nos ancêtres du paléo pratiquaient plus d’activités physiques se rapprochant des sports de force que ceux d’endurance, le régime paléo est-il plus adapté à certains sports qu’à d’autres ?

En réalité il n’existe pas de « régime paléo », il n’existe que DES régimes paléo. Car tout au long de millions d’années d’évolution notre régime alimentaire n’a pas cessé d’évoluer. Ces variations étaient d’autant plus fortes selon le contexte géographique et climatologique. Mais quels que soient l’époque et le lieu, on constate des points communs très précis tels que l’absence de céréales, de légumineuses, de produits laitiers animaux, de sel ou de sucre. C’est ce qui fonde la base du régime paléo. Cette base peut être adaptée en fonction de chacun.
En ce qui concerne l’activité physique, il n’y a pas de règle : certains étaient très endurants, cela en faisait de bons chasseurs, d’autres étaient plus puissants, cela les rendait plus utiles pour casser du bois ou des pierres. On peut manger paléo, quelle que soit l’activité physique pratiquée.

Peut-on faire des courses d’endurance sans faire le plein de glycogène la veille (pasta party) ?

Je ne connais déjà plus de sportifs d’endurance qui utilisent cette technique. On sait depuis plusieurs dizaines d’années que pour faire le plein de glycogène, nos muscles ont besoin d’au moins 24 heures. Par conséquent, toute technique qui consiste à s’empiffrer pour tenter de stocker plus de glycogène sur une période très courte (quelques heures) est moins efficace qu’une répartition judicieuse des glucides (avec les bons aliments !).
On fait donc toujours le plein de glycogène avant une course, mais de manière différente. Et les résultats, aussi bien issus de la pratique que des études scientifiques, montrent que c’est efficace. En revanche, envisager de partir sans glycogène musculaire est une mauvaise idée. L’utilisation de l’énergie issue des lipides corporels est nécessaire pour être endurant et un vieux dicton dit : « Les lipides brûlent au feu des glucides ». Et c’est exactement ce qui se passe.

Concrètement cela prend combien de temps de passer au paléo ? Pour les sportifs de compétition, à quel moment vaut-il mieux commencer à changer d’alimentation ? Faut-il y aller progressivement ?

Nous réagissons tous différemment face aux changements alimentaires. Pour certains changer radicalement du jour au lendemain est facile. Dans ce cas, il faut le faire ! Mais pour les autres, il vaut mieux y aller progressivement et il faut savoir ne pas être trop dur avec soi-même : l’important c’est de retenir qu’une alimentation à 50% paléo et à 50% industrielle est toujours meilleure pour la santé qu’une alimentation à 100% industrielle. Bien entendu, plus on se rapproche des 100% plus les bénéfices sont nets et importants. Il faut faire l’essai au moins une fois dans sa vie !
Pour les sportifs il vaut mieux introduire les changements progressivement pendant les périodes d’entraînement, en dehors des compétitions. Cela permet au corps de s’habituer et on arrive généralement en compétition avec une forme physique encore meilleure !

Mangez-vous paléo et qu’avez-vous noté comme changement le cas échéant ?

Je mange paléo à 90% environ depuis de nombreuses années. Cela m’a permis de dire adieu à une rectocolite. Je suis aussi nettement plus beau et je suis devenu millionnaire. Non je plaisante, j’ai la santé et ça vaut bien plus que ça !

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