La migraine est une cascade d’événements qui, une fois déclenchée, provoque de nombreux symptômes : engourdissements, fourmillements, troubles visuels, nausées, vomissements, vertiges, fatigue et mal de tête, une vaste panoplie de souffrances. Cependant, la séquence d’événements est complexe et de nombreuses variantes existent ; ces dernières sont à l’origine de plusieurs confusions.
Phase 1 : le prodrome
48 h s’écoulent parfois entre l’activation du processus migraineux et la survenue de la douleur. Cette période est connue sous le nom de « prodrome », mais ses symptômes ne s’observent pas toujours et ceux qui en présentent ne les reconnaissent souvent qu’après-coup. Le plus courant est la fatigue, écrasante chez certains. D’autres signalent altérations de l’humeur (irritabilité, dépression, euphorie), envies alimentaires incoercibles, étourdissements, diarrhée, constipation et/ou rétention d’urine ou augmentation des mictions.
Phase 2 : l’aura
La douleur est souvent précédée d’une aura, trouble neurologique toujours passager, mais parfois effrayant, qui avertit de l’arrivée imminente d’une migraine.
L’aura migraineuse peut se manifester de différentes manières. Les formes visuelles sont les plus fréquentes, suivies des troubles sensoriels (engourdissement ou fourmillements dans le bras ou le visage, par exemple), mais des pertes de parole, des faiblesses d’un membre, des diplopies (vision double), des vertiges et même une quadriplégie complète ont aussi été signalés. Toujours transitoires, ces troubles neurologiques fonctionnels se résolvent spontanément en vingt à quarante-cinq minutes.
Tout le monde ne présente pas une aura. Chez certaines personnes, elles sont systématiques, chez d’autres elles ne surviennent que de temps en temps et chez d’autres encore, jamais.
Phase 3 : la douleur
Comme le cerveau ne possède aucune terminaison nerveuse, il ne peut ressentir la douleur. Dans ce cas, d’où vient donc la douleur migraineuse ?
La surface du cerveau est tapissée de plusieurs couches de tissu conjonctif appelées méninges, qui, elles, peuvent ressentir la douleur. Autrefois, la douleur migraineuse était attribuée à une dilatation des vaisseaux sanguins. Toutefois, des observations plus récentes ont montré que la douleur persistait au-delà de la résolution de cette dilatation vasculaire ; ce n’est donc pas la source principale des douleurs migraineuses.
La théorie qui prévaut actuellement incrimine le cervelet, comme principale source de ces douleurs. Niché à la base du cerveau, le cervelet assure la jonction entre cerveau et moelle épinière et, d’habitude, c’est lui le récepteur des signaux douloureux. Dans la crise migraineuse, le cervelet déclenche le signal de douleur… qui passe dans les méninges avant de revenir au cervelet. Et ce cercle vicieux se poursuit ensuite en s’aggravant jusqu’à ce qu’il disparaisse naturellement ou que quelque chose vienne l’interrompre : un médicament ou une bonne nuit de sommeil, par exemple.
Phase 4 : la « gueule de bois »
Tout migraineux vous le dira : les choses ne redeviennent pas normales dès que la douleur cesse. Le cerveau, et le reste du corps, ont besoin de temps pour récupérer du cercle vicieux qui les a ravagés. Scientifiquement, cette période de récupération s’appelle le post-drome. Comme dans le prodrome, le symptôme le plus fréquent est une fatigue ou une faiblesse généralisée. Ces symptômes durent généralement une journée après la disparition de la douleur.