Les hommes préhistoriques souffraient-ils de cancers, maladies cardiovasculaires, diabète ?

Les hommes préhistoriques souffraient-ils de cancers, maladies cardiovasculaires, diabète ?

Il est de bon ton de dénigrer le régime dit "paléo" ou ancestral, un mode d'alimentation proche de celui que l'humanité a connu avant le néolithique et l'agriculture, sous le prétexte qu'il reposerait sur des bases "pseudo-scientifiques".

L'un des arguments des détracteurs de ce régime est le suivant : "Si nos ancêtres ne connaissaient pas de maladies dégénératives, c'est parce qu’ils mouraient avant de les avoir." (sic).

Dans un billet précédent, j'ai présenté les preuves qui laissent penser qu'une proportion significative de nos ancêtres préhistoriques atteignaient un âge avancé. Voyons maintenant dans quel état.

Assurer que nos ancêtres ne connaissaient pas de maladies dégénératives, parce qu’ils « mouraient avant de les avoir », signifie implicitement qu’ils n’auraient été épargnés ni par l’obésité, ni le diabète, ni les maladies cardiovasculaires, ni les cancers ou les démences.

Cla suppose d'abord que ces maladies, dans nos sociétés, ne se déclarent qu'à un âge avancé et que leurs signes avant-coureurs sont rares ou inexistants dans les premières décennies.

Or c'est faux : dans l'étude française ENNS (2006-2007), 20% des hommes de 35-44 ans souffrent d'hypertension artérielle et c'est le cas de 40% des 45-54 ans. Dans l'étude américaine NHANES (2009-2012), la prévalence des maladies cardiovasculaires est respectivement de 10% et 11,9% chez les femmes et les hommes âgés de 20 à 39 ans, et de 35,5% et 40,5% pour les 40-59 ans.

Rien de cela n'est trouvé chez les chasseurs-cueilleurs, dont le mode de vie reproduit celui de nos ancêtres. Les maladies dégénératives sont peu fréquentes chez eux, même à un âge avancé : elles contribueraient à moins de 10% des décès. [1]

Infarctus et accidents vasculaires cérébraux sont peu courants, d’autant que n’existe aucun des facteurs de risque connus (hypertension, obésité, lipides sanguins). Confirmation dans une étude d’octobre 2016 chez les Hadza de Tanzanie. [2]

La fonction respiratoire, qui est directement et inversement liée au risque de décès prématuré chez la personne âgée est conservée à un niveau élevé. Les données recueillies depuis des décennies ne mentionnent pas de cas de Parkinson ou de maladie d’Alzheimer chez les plus âgés.

Conclusion : nos ancêtres avaient tout le temps de déclarer des maladies dégénératives, pourtant celles-ci ne les affectaient pas, ou très peu. Ils n'avaient pas non plus d'acné, ni de myopie

L'argument prétendument "scientifique" selon lequel nos ancêtres mouraient trop tôt pour être affectés par les grandes maladies qui touchent nos pays développés ne vaut donc pas le papier sur lequel il est imprimé.

Dans le prochain billet, vous verrez qu'il existe des preuves qu'en suivant aujourd'hui un régime de type paléo on peut améliorer son état de santé.



[1] Gurven M, Kaplan H. : Longevity among hunter-gatherers : a cross-cultural examination. Pop Dev Rev 2007, 33(2) : 321–365

Auteur

Thierry Souccar

Journaliste et auteur scientifique, directeur de laNutrition.fr

Thierry Souccar est journaliste scientifique, éditeur, auteur de nombreux best-sellers dontLait, mensonges et propagande. En charge des questions de santé à Sciences et Avenir pendant 15 ans, il a créé LaNutrition.fr, premier site d’information francophone indépendant sur l’alimentation et la santé. Il est membre de l'American College of Nutrition depuis 2000.

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