Après des troubles de mémoire majeurs et persistants, le célèbre chanteur et acteur américain avait reçu d'un neurologue le diagnostic d'Alzheimer et s'était résolu à voir son cerveau le trahir. Mais voilà : un médecin plus avisé que les autres ne s'arrête pas à ce verdict. Il interroge Kristofferson et son entourage : on se souvient alors du tournage du film "Disappearances" dans le Vermont, un état infesté de tiques. Justement, Kristofferson a été mordu. Le toubib lui fait passer un test de Lyme : positif. Voilà qui explique la mémoire défaillante et ouvre la voie à un traitement approprié.
Pour le Dr Richard Horowitz, auteur de "Soigner Lyme et les maladies chroniques inexpliquées", dans de nombreux cas de syndrome de fatigue chronique, de fibromyalgie, ou de pathologies auto-immunes de type polyarthrite rhumatoïde, sclérose en plaques ou lupus, et même Alzheimer, on trouve une infection transmise par les tiques. Cette infection, dans sa forme clinique, peut imiter ces maladies, ou agir comme facteur exacerbant. Bien sûr tous les cas d'Alzheimer ou de sclérose en plaques ne sont pas à mettre sur le compte de Lyme, mais les médecins doivent avoir cette éventualité à l'esprit, et, pour reprendre l'expression de Richard Horowitz, se muer en détectives médicaux.
Malheureusement, la maladie de Lyme est encore mal prise en compte. Sur 100 patients malades, 10 seulement sont diagnostiqués, et encore... Les Centers for Disease Control des Etats-Unis viennent de réaliser que le nombre de cas de Lyme dans ce pays était dix fois plus important qu’on ne le pensait : le chiffre officiel est passé de 30 000 cas en 2012 à 300 000 nouveaux cas par an ! Mais l’incidence réelle est sans doute plus élevée puisqu'on estime par d'autres calculs que 0,3 % de la population américaine serait atteinte soit une incidence plus proche des 900 000 nouveaux cas par an.
Les médecins se rebiffent
Or le diagnostic est rendu encore plus difficile par le manque de fiabilité des tests. Comme l'explique la biologiste strasbourgeoise Viviane Schaller, elle-même poursuivie en justice pour avoir amélioré la sensibilité des tests officiels, les anticorps recherchés par le test de référence (ELISA) n'apparaissent que tardivement, au bout de 2-3 semaines, alors que le test est pratiqué avant. Par ailleurs, alors qu'il existe 15 variétés de bactéries (ou borrélies) en Europe, elles ne sont pas toutes incluses dans ELISA, il est d'ailleurs impossible de les inclure toutes. Autre explication : le seuil de positivité du test est choisi par le fabricant en fonction d'un dogme selon lequel la maladie de Lyme serait une maladie rare qui n'atteint pas plus de 5 % de la population. Comme ce taux est désormais caduque, le seuil choisi est beaucoup trop élevé.
A noter : le questionnaire du Dr Horowitz évalue la possibilité que ce dont vous souffrez soit lié à une infection