Mieux comprendre la douleur

Mieux comprendre la douleur

Une définition de la douleur

La perception de la douleur est produite par l’activité cérébrale. La douleur est produite lorsque le cerveau comprend qu’il existe un vrai danger pour les tissus corporels et qu’il faut agir. À l’heure actuelle, la Pain Society aux États-Unis et l’Association Internationale pour l’Étude de la Douleur utilisent cette définition classique de la douleur :
« Une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, associée à un dommage tissulaire présent ou potentiel, ou décrite en termes d’un tel dommage ».
Malheureusement, cette définition ne parvient pas à décrire de manière adéquate le vrai but de la douleur. Bien que la douleur soit une expérience désagréable, son but principal n’est pas simplement d’être désagréable ou d’essayer d’informer le corps d’une blessure. La douleur est surtout un signal de danger qui devrait entraîner une action. La douleur n’est pas une ennemie, mais un signal que le corps utilise pour communiquer avec le cerveau et lui dire « ça ne va pas » ou « ce que tu fais ne me convient pas, agis, fais quelque chose ». En ce sens, la douleur fait partie intégrante de notre système de survie, toute menace pouvant être interprétée comme une douleur.

Tout se passe dans le cerveau

Bien que nous ressentions la douleur dans notre corps, elle n’existe réellement qu’au niveau cérébral. La douleur est un processus qui englobe de multiples facteurs sous forme de signaux, fournis par de nombreux systèmes de notre organisme. Ces signaux bombardent le cerveau d’informations, que ce dernier filtre afin d’apporter la réponse la mieux adaptée en cas d’agression (stress de tous types).
Les nerfs sont semblables à des câbles téléphoniques : ils transportent de nombreux types d’appels ou de signaux, mais le nombre total de signaux transportés à un même moment est limité. Le contrôle et l’équilibre du système permettent de trier ces signaux. Par exemple, si vous vous tapez le pouce avec un marteau, frotter la blessure diminuera la douleur, car le frottement génère des signaux d’inhibition qui « ferment la porte » à la douleur. Un niveau intense de douleur pendant un court moment de stress peut générer un mécanisme de protection temporaire dans lequel une zone du cerveau (le système limbique) inhibe les signaux de douleur dans la moelle épinière (sur le champ de bataille, par exemple, un soldat peut ne pas ressentir une blessure jusqu’à la fin d’un combat).
La douleur est ainsi diminuée par des facteurs qui « ferment la porte » et elle est intensifiée par des facteurs qui « ouvrent la porte ». Les médicaments, les émotions, les comportements et les pensées ouvrent et ferment la porte en affectant la transmission et la modulation de la douleur. Vous trouverez en fin d'article un tableau décrivant quelques-uns des éléments qui peuvent « ouvrir » ou « fermer » la porte de la douleur.

La douleur est individuelle

Deux individus atteints de la même blessure ressentiront souvent une expérience interne très différente. La recherche moderne sur la douleur insiste sur le fait qu’il existe de nombreux facteurs différents pour chaque individu qui déterminent les types de stimuli et quand ceux-ci sont douloureux. Voici certains de ces facteurs :

  • Le contexte : dans quelles situations l’individu ressent-il de la douleur ? Si la douleur est constante lorsqu’il bouge tout en étant assis, exécuter le mouvement en position debout tout en parlant avec un ami peut altérer la douleur.
  • La posture : si la douleur accompagne toujours le mouvement en position debout, le même mouvement pourrait être réalisé sans douleur en position assise ou couchée.
  • Les stimuli rivaux : effectuer des mouvements dans diverses positions visuelles ou vestibulaires peut altérer l’expérience de la douleur.
  • L’état émotionnel : on peut éprouver moins de douleur en écoutant sa musique préférée qu’en étant en colère.
  • La visualisation : penser qu’un mouvement n’est pas douloureux avant de l’effectuer peut modifier l’épisode de la douleur.

La douleur est une sensation basée sur la perception de l’individu. Ainsi, modifier cette perception de la situation, du mouvement ou de la posture douloureuse peut avoir des conséquences durables, tant d’un point de vue de l’amélioration que de l’aggravation de l’expérience de la douleur.
 

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