La marche, la course et tout mouvement en général résulte d’une combinaison entre une dépense d’énergie du corps (énergie mécanique) et l’utilisation des composantes élastiques des tissus tendineux, musculaires et des fascias (énergie élastique). Pour fournir un effort, l’organisme et les muscles brûlent des réserves énergétiques (glucides ou lipides parfois protéines) afin de produire une contraction musculaire qui créera un mouvement mais libérera également de la chaleur et des déchets que l’organisme devra éliminer ou recycler. Cela épuisera éventuellement certaines réserves (en glucides notamment) demandant un arrêt ou un ralentissement de l’effort. Par ailleurs, les muscles, les tendons, les fascias sont constitués de telle manière qu’ils peuvent emmagasiner de l’énergie pour la restituer comme le fait un élastique.
Utiliser l'élasticité des muscles, tendons et fascias
Pour mieux comprendre comment les muscles, tendons et fascias peuvent emmagasiner et restituer de l'énergie élastique, un petit exercice. Posez votre main gauche à plat sur une table. Levez votre majeur puis essayez de frapper la table le plus fort possible. À présent saisissez votre majeur avec la main droite, tirez dessus puis lâchez-le. Recommencez.
Vous pouvez sentir qu’ainsi l’effort pour frapper sur la table est quasi nul alors que le coup apporté est beaucoup plus puissant. Si vous deviez reproduire ce type d’effort longtemps sans l’aide de votre main droite, votre doigt se fatiguerait vite, mais avec cette aide, vous emmagasinez de l’énergie élastique qui ne coûte aucun effort à votre doigt. Pour optimiser sa foulée, c’est-à-dire pour avoir une foulée efficace et économique, l’objectif est donc d’apprendre à utiliser au maximum cette élasticité naturelle, pour l’ensemble des muscles impliqués dans la foulée afin de pouvoir disposer d’une forme d’énergie gratuite.
Les fondations de l’élasticité musculaire sont la stabilité et la mobilité articulaires.
L'importance de la mobilité
Reprenons l’exercice avec le majeur sur la table : si vous levez le majeur sans stabiliser votre main sur la table, vous lèverez le doigt mais également la main. Si vous fixez la main, cette stabilisation permettra d’avoir un point fixe à partir duquel vous pourrez étirer les muscles et les tendons du majeur. C’est ce principe de stabilisation efficace que l’on doit utiliser lorsque l’on court. Il est essentiel de bien stabiliser les articulations sollicitées durant la course à pied c’est-à-dire cheville, genou, hanche, afin d’offrir un point d’ancrage aux différentes chaînes musculaires impliquées.
La mobilité est l’habileté qui permet de prendre le majeur sur son amplitude maximale, et donc de créer un mouvement fluide et un plus grand potentiel d’énergie à emmagasiner.
C’est grâce à elle aussi que l’énergie élastique est relâchée. Cependant la mobilité peut être réduite à cause de muscles raides ou en raison d’une restriction articulaire due à de mauvaises postures ou d’anciens traumatismes.
L’alchimie entre énergie élastique, stabilité et mobilité articulaires et une bonne technique de course pourra s’exprimer parfaitement lors des 3 phases de votre foulée :
• la phase d’amortissement ;
• la phase de propulsion ;
• la phase de suspension.
Cette alchimie combinée à un bon fonctionnement énergétique permettra de courir très régulièrement sans fatigue ni blessures quelles que soient la vitesse et la distance. Si, en revanche, vous perturbez cette alchimie, tôt ou tard les problèmes surviennent.