Des antécédents familiaux
La carence en magnésium doit être recherchée parmi les antécédents de l’enfant et de la famille. Dans la famille, il peut s’agir de personnes qui ont présenté les mêmes troubles : hyperexcitabilité, stress, nervosité, migraine, émotivité, crise de « spasmophilie », pathologie thyroïdienne…
Pendant la grossesse, la mère a pu avoir : dépression, malaises, contractions utérines, crampes, hypertension artérielle, fatigue, angoisse, stress, troubles du sommeil, carence alimentaire.
Les premiers signes
Pendant les premières années de la vie, l’enfant peut présenter :
1• Des troubles du sommeil : il dort peu ou se réveille au moindre bruit.
2• Des spasmes du sanglot : il bloque sa respiration après des pleurs et peut devenir cyanosé (coloration bleutée des lèvres et des doigts témoignant d’une baisse de l’oxygène dans les tissus)
3• Des trémulations, c’est-à-dire des tremblements des bras ou des jambes.
4• Une émotivité intense, des pleurs très fréquents. Dès qu’on veut le coucher, il pleure, crie, s’accroche à sa mère, semble avoir peur.
5• Une hyperexcitabilité : il bouge beaucoup, tombe de la table à langer, ne reste pas assis.
6• Une mise en danger de lui-même : il escalade, grimpe... Dans la rue il ne voit pas le danger, lâche la main de ses parents, et parfois traverse la rue tout seul.
Rapidement, l’adaptation à l’école maternelle, vers l’âge de trois-quatre ans, devient difficile, et avant d’incriminer des troubles de l’éducation, l’origine métabolique doit être suspectée et recherchée.
Par ailleurs, on ne peut pas parler d’enfant hyperactif avant cinq ans. Avant cet âge, l’enfant est très actif, c’est un développement normal. D’autre part, l’enfant n’est pas encore à l’école primaire et le trouble de concentration scolaire ne peut pas être recherché !
De plus ce diagnostic ne peut être posé au bout d’une heure de consultation, mais seulement si les signes cliniques existent depuis au moins six mois et après avoir écarté les autres causes possibles.
À partir de 6 ans
Ensuite, vers l’âge de six ans, l’ensemble des signes cliniques de l’hyperactivité ou plutôt de l’hyperexcitabilité de l’enfant seront réunis :
- Hyperactivité : il a une activité désordonnée, ne tient pas en place aussi bien à la maison à l’école, et dans ses activités sportives.
- Impulsivité : l’enfant ne contrôle pas ses gestes, il devient agressif. Il ne le fait pas exprès et regrette ensuite son geste. Cela peut être le témoin d’une souffrance car l’enfant hyperactif se sent souvent différent des autres, il est rarement félicité, il n’est pas valorisé, il a rarement confiance en lui. Il peut avoir des colères importantes et surtout difficilement maîtrisables.
- Trouble de concentration scolaire : à l’école, il est agité, il fixe mal son attention, il a des troubles de la mémoire et peut présenter un retard dans les apprentissages scolaires alors que son intelligence est normale et qu’il s’intéresse à de nombreuses activités.
- Troubles du sommeil (constants) : il a des difficultés à l’endormissement, avec une peur du noir, il a des cauchemars. Il peut être somnambule. Il a un sommeil très agité et se réveille le matin fatigué.
- Douleurs abdominales : douleurs autour du nombril parfois accompagnées de vomissements et surtout à répétition, faisant souvent penser à une crise d’appendicite.
- Une fatigue parfois inexpliquée : ce sont des enfants « fatigants et fatigués », cette fatigue se ressent plus souvent le matin entraînant une lenteur à se lever, à s’habiller. Il s’agit d’une fatigabilité anormale à l’effort constituant un handicap dans la vie sportive de l’enfant.
- Des malaises : avec ou sans perte de connaissance.
- Des tics qui témoignent d’une hyperexcitabilité : l’onychophagie (il se ronge les ongles), des tics du visage ou des tics respiratoires (il renifle ou racle la gorge).
- Une anxiété : l’enfant est stressé, inquiet émotif.
- Un syndrome dépressif : il est « mal dans sa peau », a peur des personnes, peur de mourir …
L’examen clinique retrouve – s’il le cherche, ce qui n’est pas le cas dans l’hyperactivité – l’existence d’un signe de Chvostek. Selon mon expérience avec les enfants « hyperactifs traités par du méthylphénidate », 66 % de ces enfants présentent un signe de Chvostek très positif. Ce signe est plus fréquent si l’enfant a plus de huit ans et si la carence en magnésium est plus grande.
Le signe de Chvostek
Ce signe, appelé également « signe du facial », a longtemps été considéré comme propre à la spasmophilie. Cependant il est également significatif d’une carence en magnésium ou d’une tétanie. Pour le rechercher, le médecin « percute » avec son marteau à réflexes le milieu de la ligne située entre le lobule de l’oreille et la commissure des lèvres (coin de la bouche). Si la joue et la partie médiane de la lèvre supérieure se contractent brusquement, le signe de Chvostek est présent.
En plus des signes cliniques déjà cités, des critères biologiques sont donc présents :
1• Baisse du magnésium sérique
2• Baisse du magnésium globulaire ou érythrocytaire
3• Baisse de la calcémie
4• Baisse du calcium ionisé
Mais dans certains cas, les dosages sont normaux, ce qui impose un « test thérapeutique ou test de charge en magnésium », bien décrit par le Dr Thérèse Ducroux et qui est un élément très important pour le diagnostic.
Il consiste à prescrire un traitement de magnésium et de vitamine B6 (pour un enfant de trente kilos : cent milligrammes de magnésium et dix milligrammes de vitamine B6 matin et soir, pendant deux à quatre mois). Si les signes cliniques s’améliorent ou disparaissent, cela signifie obligatoirement que l’enfant était carencé en magnésium.
L’évolution des symptômes est fonction de l’intensité de la carence. Si le traitement est arrêté et que les signes cliniques complets réapparaissent au bout de deux mois (hyperexcitabilité, dosages abaissés du magnésium…), cela confirme le diagnostic de « trouble du transport du magnésium dans la cellule ».