Le recours à une chirurgie de l’obésité pour traiter l’obésité est une décision qui doit être bien mûrie.
Afin de garantir le succès de l’intervention, à sa suite, des règles hygiéno-diététiques devront être suivies à vie. Cela exige, entre autres choses, de fractionner l’alimentation en 5 repas et collations, avec une composition spécifique, seule manière de satisfaire les besoins en nutriments et vitamines du corps, de boire en dehors des repas, car l’estomac réséqué dans le cas de la sleeve et court-circuité dans celui du by-pass, n’est pas en mesure de contenir aliments et boissons. Manger lentement, en mâchant bien les aliments, est également essentiel, pour ne pas avoir une sensation de nourriture qui se coince au niveau de l’estomac, des nausées, des vomissements, des dumping syndrôm.
Les personnes qui pratiquent le jeûne durant le mois sacré de Ramadan auront du mal à suivre ces recommandations. Lorsque l’heure de casser le jeûne arrive, il y a souvent la faim et la soif (surtout en été, comme c’est le cas cette année). Or, les 2 doivent être suffisamment décalés dans le temps. De plus la faim fait que l’on mange plus, plus vite, sans bien mâcher, ce qui peut engendrer des douleurs et peut tout simplement compromettre le repas. Dans certains cas, le fait d’avoir jeûner coupe au contraire la faim ou peut aussi engendrer un sentiment de satiété plus rapide. Avant l’aube pourtant, il faudra veiller à avoir fait ses 5 repas et collations, composés comme indiqué dans Le guide de la chirurgie de l’obésité et être parvenu à boire 1l d’eau. Si les recommandations ne sont pas suivies, tenir ce rythme pendant un mois expose à des risques de déshydratation graves, à un déficit protéino-énergétique et des carences en vitamines et minéraux, qu’il peut être difficile de remonter par la suite.
A part une totale inversion du rythme jour/nuit, la pratique du ramadan et une chirurgie bariatrique sont difficilement compatibles.
Si vous pratiquez le jeûne du ramadan, je vous invite à bien réfléchir à cet aspect de votre vie, avant toute décision d’intervention. Si la chirurgie est le seul traitement pour soigner votre obésité et les pathologies qui en découlent, je vous encourage à accepter que l’obésité est une vraie maladie, responsable de nombreux facteurs de comorbidité, et que la chirurgie bariatrique est un traitement qui ne s’arrête pas au simple geste chirurgical mais un traitement plus complexe qui comprend à la fois l’acte chirurgical et en plus les règles hygiéno-diététiques à suivre à vie.
Pour plus d’informations : Le guide de la chirurgie de l’obésité, Elodie Sentenac et Magali Walkowicz