Comment vous est venue l’idée de ce livre ?
Cela fait 15 ans que je me passionne pour la nutrition. En tant que pharmacien au départ assez étranger à ces questions j’ai progressivement fait mien l’adage selon lequel « on est ce que l’on mange ». Le fait de constater notre impuissance à faire maigrir les gens à une époque où l’obésité devenait un problème croissant m’a poussé à rechercher des solutions. J’ai ainsi glissé vers des prescriptions plus naturelles, tout en me montrant de plus en plus sceptique devant l’acharnement unanime contre les « mauvaises graisses » – celles qui sont saturées, celles qui seraient responsables de tous les maux civilisationnels. « Bannissez le beurre » nous dit-on encore aujourd’hui ; « privilégiez l’huile de soja, de colza, de tournesol », ces huiles végétales si bonnes pour notre cœur, car insaturées. Comme je m’intéressais de près à la recherche, j’ai découvert des travaux scientifiques sérieux qui n’abondaient pas dans ce sens.
Qu’avez-vous découvert ?
Qu’on disait n’importe quoi à propos des lipides. Et cela continue : ça fait 40 ans qu’on raconte des bêtises ! Malheureusement cette opposition binaire – graisses saturées contre insaturées –, dont on sait aujourd’hui qu’elle n’a pas de fondement, a la peau dure. Tous les spécialistes savent que diminuer les glucides est bien plus efficace pour maigrir, et pour lutter, entre autres, contre l’athérosclérose. Malgré tout, on nous répète depuis des années qu’il faut manger des acides gras insaturés, et surtout pas de graisses saturées. Résultat : les maladies cardiovasculaires n’ont jamais été aussi fréquentes que ces dernières décennies. Tout ce battage contre les graisses a été contreproductif, c’est évident.
Pendant ce temps, certaines populations du Pacifique font de vieux os en se nourrissant d’huile de noix de coco… pleines de graisse saturées.
Dans les années 1990, une étude passionnante a été menée sur une population vivant dans une petite île du Pacifique Sud, Kitava, près de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Les scientifiques se sont rendu compte que leur régime alimentaire se composait surtout d’huile de noix de coco, une huile très chargée en graisses saturées… Autant dire le diable selon le discours occidental ! Or, il se trouve que dans cette population, les maladies soit disant liées à ces lipides sont… inexistantes. Mais il suffit de regarder ce qui se passe en Asie : l’Inde, les Philippines, l’Indonésie et d’autres pays consomment beaucoup d’huile de coco sans connaître de problème de santé particulier. Bien au contraire : les études scientifiques montrent aujourd’hui qu’elle protège contre les maladies neurodégénératives, les problèmes cardiovasculaires, certains cancers… Alors que de leur côté les acides gras insaturés s’avèrent moins bons qu’on ne le pensait. Tout ce qu’on savait sur les lipides s’effondre et doit être revu.
Pourquoi ce déni de réalité persiste-t-il ?
Les discours officiels sous influence de l’industrie agroalimentaire et les lobbies des huiles végétales portent évidemment une responsabilité, et entretiennent une désinformation permanente. Mais je pense aussi que tout le monde y participe. Le beurre, la graisse, les huiles visqueuses, ces corps gras qui soit disant bouchent nos malheureuses artères ont tout du coupable idéal. L’imaginaire collectif maintient aussi ces idées reçues.
Pensez-vous que les choses sont en train de changer ?
Oui, les agences de santé gouvernementales prennent conscience de la situation. Aujourd’hui l’huile de coco a le vent en poupe même si, selon moi, les médias ne relayent pas suffisamment les études vantant ses bienfaits. Cela dit, il ne faut pas prétendre tout remplacer par l’huile de coco, ce n’est pas souhaitable. Nous sommes, surtout en Europe, encore très attachés aux huiles liquides et en particulier l’huile d’olive. Essayons seulement de promouvoir l’huile de coco et de faire comprendre que non seulement elle est délicieuse, mais elle est surtout très saine !
A qui conseillez-vous cette huile ?
Les seniors, comme moi-même, sont les plus concernés. Ils sont d’avantage exposés à des problèmes physiologiques d’assimilation, d’absorption des aliments et surtout d’atteintes cérébrales. Mais d’une manière générale, tous ceux qui ont un besoin accru d’énergie, les sportifs en première ligne ou les personnes fatiguées peuvent tirer parti du métabolisme particulier de l’huile de coco. Sans oublier que, pour tous, c'est une huile idéale pour la cuisson, car très stable.
Propos recueillis par Hugo Struna.