Les sels biliaires, sécrétés par les hépatocytes (cellules du foie) jouent un rôle important dans la digestion des graisses et l’absorption des vitamines liposolubles (A, D, E, K). Ils permettent une émulsion des graisses dans le tube digestif et donc leur digestion. Il en résulte des acides gras (glycérol) et des glycérides (glycérol + 1 à 2 chaînes d’acides gras) qui sont absorbés par la muqueuse intestinale. Dans le cadre du régime cétogène, ils sont ensuite utilisés dans la production d’énergie. les mitochondries hépatiques sont incitées à produire des corps cétoniques (acétoacétate, acétone et bêta-hydroxybutyrate), qui passent dans le sang. Mis à part l’acétone volatile qui est éliminée au niveau pulmonaire et donne cette haleine fruitée, les corps cétoniques deviennent le carburant des cellules de l’organisme, y compris nos cellules cardiaques et cérébrales.
Donc effectivement, avec le régime cétogène, le foie a du travail.
En règle générale, lorsqu’il n’y a pas de difficultés préalables particulières à digérer les graisses, tout se passe bien. J’ai pu observer, que même sur un temps long de suivi du régime, les patients ne se plaignaient pas de survenue de difficultés et/ou de senstions désagréables au niveau du foie. Rien à signaler non plus au niveau des bilans sanguins. Mais si vous avez un foie fragile ou si tout simplement vous souhaitez aider, soutenir votre foie, les gestes suivants peuvent vous y aider.
Faites une place suffisante à l’huile de coco biologique (produit phare du régime cétogène) car elle contient un type de triglycérides rapidement hydrolysé dans le tube digestif et peut libérer des acides gras qui passent presque directement dans le sang, sans suc pancréatique et sans action de la bile. Ce sont les triglycérides à chaînes moyennes (TCM). De plus l’huile de coco contient des antioxydants qui protègent le foie de l’attaque des radicaux libres, tout en favorisant la purification des toxines. Consommez-en à chaque repas.
Préférez les huiles crues, première pression à froid et bio aux huiles raffinées et aux fritures. Sans doute avez-vous remarquez que même si vous considérez mal digérer les graisses, vous n’avez en revanche pas de difficulté à digérer de la salade assaisonnée avec une vinaigrette classique.
Faites une cure de citron dans de l’eau tiède le matin, à jeun. Cela entraine une sécrétion massive des sucs hépatiques. C’est en quelque sorte le grand ménage matinal qui permet au foie de se remettre en route. Attendez une demi-heure avant de petit-déjeuner.
Attention à l’excès de protéines animales. Le vrai régime cétogène n’est absolument pas hyperprotéiné. Mais toutefois si vous avez une fragilité au niveau du foie, soyez vigilent sur le choix des protéines. Le foie participe à l’élimination des déchets issus des protéines animales. Un travail supplémentaire à accomplir. Pensez aux protéines végétales. Certaines sont compatibles avec le régime cétogène. J’écrirai un billet de blog à ce sujet dans quelques jours.
Attention aux toxiques car le foie transforme les déchets toxiques endogènes ou exogènes. Il permet l’élimination de ces produits associés à des albumines plasmatiques, au niveau de l’excrétion biliaire. Choisissez donc préférentiellement des produits frais et bio afin de ne pas le sursolliciter sur ce point.
En sus, assurez-vous une bonne digestion : faites une cure de probiotiques. Une flore intestinale optimale permet de mieux digérer et donc de mieux supporter l'apport important de graisses. Et éventuellement, supprimez le gras laitier : beurre non clarifié, yaourts gras, lait entier, crème fraiche, indigestes pour beaucoup d’entre-vous.
Tournez-vous vers la phytothérapie. Plusieurs plantes peuvent beaucoup dans la santé du foie. Il y en a trois avec lesquelles je travaille particulièrement :
Le desmodium est une plante herbacée rampante de la famille des légumineuses, naturellement riche en flavonoïdes et en tryptamine, qui favorise le bon fonctionnement du foie en le protégeant contre les agressions toxiques (pesticides, herbicides…). Il joue également un rôle de draineur hépatique : il soutient le foie dans ses fonctions d’élimination des toxines. C’est un grand classique de soutien du foie dans le cadre des chimiothérapies, que le patient suive ou non un régime cétogène.
Le chrysantellum joue un rôle régulateur. Il favorise la production et l'évacuation de la bile grâce aux saponosides et aux flavonoïdes qu'il contient et qui permettent trois actions spécifiques : potentialiser l'action de la bile, améliorer la microcirculation et la détoxication hépatique. Il possède des propriétés antioxydantes et aide ainsi à limiter la formation des radicaux libres.
La choline, un dérivé d’acide aminé, participe au maintien d’une fonction hépatique normale et contribue à un métabolisme lipidique normal. Aidée des vitamines B6, B9 et B12, elle participe au métabolisme de l’homocystéine et de la méthionine, des acides aminés impliqués dans la détoxification de l’organisme.
Bonne nouvelle en revanche, le foie est au repos côté accumulation des graisses. Avec un régime cétogène vous mangez très peu de glucides et donc vous métabolisez très peu de glucose. La glycogénèse est la transformation du glucose (glucides digérés) en glycogène au niveau du foie, puis il y a stockage de l’excès sous forme de graisse. L’accumulation de graisses dans le foie est un phénomène très répandu, qui favorise de nombreuses maladies. Elle s’accompagne d’inflammation et de fibrose, qui peut dégénérer en cirrhose, insuffisance hépatique et cancer du foie. Plusieurs de mes patients sous régime cétogène, m’ont rapporté être surpris de voir leur bilan hépatique s’améliorer sur ces points.
Cela fait maintenant quelques années que je travaille avec le régime cétogène dans le cadre de pathologies, indication première de ce régime. J’ai acquis une certaine expérience du régime, des pathologies où il s’applique. Je suis constamment amenée à l’adapter à chaque pathologie, chaque patient. Il faut bien entendu tenir compte des goûts de chacun mais aussi de la maladie telle qu’elle s’est développée, telle qu’elle progresse. Selon le cancer par exemple, selon l’organe touché, selon l’état de progression, selon les effets secondaires des traitements classiques, le régime ne peut absolument pas être cadré de la même manière notamment au niveau de l'apport en lipides (graisses). Egalement on ne cadre pas tout à fait le régime de la même manière pour traiter une épilepsie, un cancer, une pathologie neuro-dégénérative... Sachez écouter votre corps et rapportez vos impressions, ressentis, au professionnel qui vous suit. Cela fait quelques années que j'écoute, que j’observe, que je note et j’espère d’ailleurs vous faire profiter du fruit de ce travail très prochainement, qui servira je l’espère autant aux patients qu’aux professionnels de santé.