Le bénéfice pour la santé et pour le bien-être du sport (y compris des gros volumes d'entraînement)

Le bénéfice pour la santé et pour le bien-être du sport (y compris des gros volumes d'entraînement)

Je vous ai parlé récemment de la mortalité en fonction du volume d'entraînement. Contrairement à ce que l'on pensait, de gros volumes d'entraînement sportif ne majorent pas le risque de mortalité toutes causes confondues. Il y a, toutefois, une différence entre mortalité par causes cardiovasculaires et mortalité par cancer. De gros volumes d'entraînement (au-delà de 13 h environ par semaine) pourraient voir légèrement remonter la mortalité par maladies cardiovasculaires mais à des niveaux tout de même bien inférieurs à celle des sédentaires. Quant à la mortalité par cancer et la mortalité toutes causes confondues, elles continuent toutes deux de baisser tant que le volume horaire d’entraînement s’élève. Le sport est donc bénéfique pour la santé et de plus en plus bénéfique si le volume augmente et si l’intensité s’élève.

Parlons encore une fois volume d’entraînement. Mais intéressons-nous plutôt au bien-être et à la qualité de vie.

Une étude d'observation récente s'est intéressée à l'impact du volume d'entraînement de cyclistes amateurs sur leur santé et leur bien-être. L’avantage d’étudier le cyclisme est de pouvoir analyser un gros volume d’entraînement, le cyclisme étant un sport particulièrement chronophage. L'avantage de s'intéresser aux amateurs est qu'ils représentent la majeure partie des sportifs et qu'ils doivent jongler entre entraînement, boulot et famille. Ils doivent donc trouver le bon compromis et savoir cumuler le bon niveau de stress du sport en fonction de leur vie familiale et professionnelle sans risquer de s'épuiser. Certains se reconnaîtront dans cette description (notamment certains triathlètes).

Le protocole de l'étude

L’étude espagnole a regroupé 1669 sportifs dont 10% de femmes. Les sportifs étaient répartis en 4 groupes :

  • faible volume (moins de 2583 km/an en moyenne pour les hommes et moins de 1762 km/an chez les femmes)
  • volume faible à moyen (5454 km/an en moyenne pour les hommes et 3354 km/ en moyenne par an pour les femmes)
  • volume moyen à élevé (8822 km/an en moyenne pour les hommes et 5728 km/ en moyenne par an pour les femmes)
  • volume élevé (14888 km/an en moyenne pour les hommes et 11490 km/ en moyenne par an pour les femmes)

Les sportifs recrutaient chacun une personne de statut socio-démographique similaire au leur mais non sportif pour former le groupe contrôle (1039 personnes).  

Résultats

 

IMC

L'IMC (indice de masse corporelle se mesurant selon la formule IMC = Poids (en kg) / Taille ² (en m)) était logiquement plus bas chez tous les sportifs que chez les sédentaires (groupe contrôle). L'IMC était plus bas chez les sportifs à haut volume d'entraînement que chez tous les autres sportifs.

Condition physique

La condition physique (auto-évaluation validée grâce à l’échelle IFIS analysant la condition physique générale, la forme cardio-respiratoire, la force musculaire, les capacités de vitesse et d’agilité et la souplesse) était, bien entendu meilleure chez les sportifs que chez les sédentaires. Elle s'élevait avec le volume d'entraînement.

Qualité de vie

Les composantes mentales et physiques de la qualité de vie en rapport avec la santé (évaluation par questionnaires) étaient meilleures chez les sportifs que chez les non-sportifs et ne différaient pas d'un groupe de sportifs à l'autre. La qualité du sommeil ne différait pas quel que soit le groupe y compris du groupe contrôle. Les scores d'anxiété et de dépression étaient inférieurs chez tous les groupes de sportifs par rapport au groupe contrôle.

Alimentation

Les sportifs suivaient mieux le régime méditerranéen que les non sportifs. Ils fumaient moins et buvaient moins d'alcool. A noter tout de même que le groupe d'hommes s'entraînant à haut volume suivait mieux le régime méditerranéen. Peut-être est-ce en rapport avec la recherche de résultats compétitifs !  Les autres groupes de sportifs ne se différenciaient pas.

 

En conclusion

L'intérêt majeure de cette étude est de compléter l’étude dont je vous avais déjà parlé mais en abordant le côté bien-être et pas seulement mortalité.

Ces études vont dans le même sens et suggèrent qu’un gros volume d’entraînement n’est pas si néfaste que certains le croient. De hauts volumes d'entraînement ne semblent pas influer négativement le bien-être et la santé mentale. Au contraire, ils ont un bénéfice pour la santé et pour le bien-être.

Bien entendu cette étude est à prendre avec précaution puisqu’il s’agit d’une étude d’observation et non d’intervention et qu’elle repose sur des tests d’autoévaluation, certes validés au travers de plusieurs études.

 

Oviedo-Caro MA, Mayolas-Pi C, López-Laval I, Reverter-Masia J, Munguía-Izquierdo D, Bueno-Antequera J, Guillén-Correas R, Lapetra-Costa S, Legaz-Arrese A. Amateur endurance cycling practice and adult's physical and psychosocial health: a cross-sectional study of the influence of training volume. Res Sports Med. 2020 Feb 24:1-14.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Auteur

Fabrice Kuhn

Médecin généraliste, médecin du sport

Fabrice Kuhn est médecin du sport, rédacteur pour "Jogging International", auteur et conférencier. Athlète accompli, il est finisher des championnats du monde Ironman à Hawaii et du marathon des sables. Enseignant au DU d’expertise en course à pied de l’université de Poitiers, il a également été le médecin de l’équipe de France d’haltérophilie.

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