Vous êtes l’auteur du Modèle paléo et vous publiez aujourd’hui La vie en mode céto. Quel lien y a-t-il entre le régime paléo et le régime cétogène ?
Aujourd’hui, de nouvelles découvertes scientifiques en épigénétique et en biologie de l’évolution valident une hypothèse somme toute très simple : la clé, pour être à la fois aussi performant que possible et en bonne santé tout au long de sa vie, est de prendre exemple sur le mode de vie de nos ancêtres chasseurs-cueilleurs. Celui-ci favorise une expression génétique optimale et contrebalance les nombreux effets délétères de nos vies ultra-speed et de notre alimentation industrielle ultra-transformée. Le régime paléo représente une première étape, qui peut comprendre des périodes de cétose nutritionnelle. Dans Le Modèle Paléo, je ne mentionnais donc la cétose que très brièvement, comme une méthode à n’utiliser qu’occasionnellement pour perdre de la graisse rapidement.
Entretemps, j’ai beaucoup lu et écrit sur le régime cétogène et quand j’ai décidé de m’y mettre pour deux mois, j’ai constaté que mon état de forme, déjà excellent, était passé au niveau supérieur : je me sentais exceptionnellement en forme. Aujourd’hui je suis convaincu que l’alimentation cétogène est la clé d’une bonne santé.
Manger paléo est donc en quelque sorte la première étape d’une alimentation cétogène ?
Oui. Les changements nécessaires pour passer au paléo — tourner le dos aux céréales, aux sucres, aux huiles industrielles raffinées, etc., lutter contre la sédentarité (ou, au contraire, contre les pratiques sportives trop intensives) — ne sont en effet que l’amorce du potentiel de transformation de notre existence tout entière que recèle le mode de vie cétogène.
Et que peut-on attendre de ces changements ?
Avec le boom actuel du mouvement paléo et la remise en question d’un grand nombre de dogmes nutritionnels avec le cétogène, il semble que nous ayons enfin trouvé la voie pour venir à bout de l’explosion des maladies de civilisation (syndrome métabolique, diabète de type 2, cancer et maladies cardiovasculaires), qui sont toutes directement liées à de mauvaises habitudes en matière d’alimentation et de mode de vie. Je m’avance beaucoup en affirmant cela, je le sais, mais de nombreuses recherches et études de cas ont déjà prouvé qu’en suivant scrupuleusement le régime cétogène, on obtient des résultats dépassant tout ce que l’on a pu connaître auparavant.
Il existe déjà de nombreux ouvrages sur le régime cétogène, en quoi le vôtre s’en distingue-t-il ?
D’une part, j’ai voulu éviter les pièges et les dangers que recèlent la plupart des régimes à la mode en créant un programme réellement efficace au-delà des tendances éphémères. Cette approche est réfléchie et éprouvée. Articulée en deux étapes, elle est à la fois souple, adaptable à vos besoins et à vos envies — au contraire des régimes rigides et contraignants. Il s’agit d’une méthode intuitive et extrêmement efficace.
D’autre part, cette méthode permet de réinitialiser le programme génétique, afin que l’organisme se mette à brûler de préférence des graisses et des cétones au lieu des glucides dont l’humanité est devenue dépendante. Cette reprogrammation génétique, une fois enclenchée, reste acquise à vie. Dit autrement, l’objectif de mon livre de générer chez son lecteur ce que j’appelle « efficacité métabolique » ou « flexibilité métabolique », c’est-à-dire la capacité à brûler l’énergie stockée sous forme de graisses et de cétones et à ne plus dépendre des glucides consommés au cours de repas pris à heures régulières.
Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste ce programme ?
La première phase du processus consiste en 21 jours de « réinitialisation métabolique » qui permettent de se libérer de sa dépendance aux glucides (dépendance qui est l’essence même de « l’inflexibilité métabolique ») et de stimuler le métabolisme brûleur de graisses. Il s’agit au cours de cette phase de se rapprocher d’un mode de vie paléo et low carb (pauvre en glucides). À eux seuls, ces 21 jours de réinitialisation métabolique sont susceptibles de transformer son état de santé pour le reste de sa vie.
Le voyage vers la céto-adaptation se poursuivra avec la deuxième phase du processus où il s’agit d’une part d’abaisser la consommation de glucides à moins de 50 g par jour, et d’autre part mettre l’accent sur les matières grasses naturelles, nutriments précieux qui deviendront le principal carburant du corps. Cette pratique de la cétose nutritionnelle doit durer au moins 6 semaines.
Et après ?
Une fois céto-adapté, on peut envisager toutes sortes d’options à long terme — y compris, à tout moment, un retour à la cétose pour perdre des kilos de graisse superflue, se protéger contre différentes maladies, ou améliorer ses performances cognitives et sportives. Je détaille toutes ces options dans mon livre.
Tout de même, se libérer de sa dépendance au sucre, n’est pas facile, comme toute cure de désintoxication. Comment fait-on pour tenir ?
Éliminer totalement ces ingrédients n’est effectivement pas chose facile, car des décennies d’alimentation riche en glucides ont probablement causé à nos organismes des dommages métaboliques légers ou plus profonds, et ce, tout particulièrement si on est génétiquement prédisposé au stockage des graisses ou si, par le passé, on a entrepris des régimes ayant entraîné le fameux effet yo-yo. Alors oui, c’est vrai qu’il faut au début un peu de discipline pour se sevrer des glucides, et que cela entraîne un certain inconfort initial.
Mais il faut garder à l’esprit que chaque nouvelle bonne habitude adoptée au nom d’une meilleure santé rend la tâche un peu plus facile. Et ce cercle vertueux est alimenté par les bénéfices immédiats que l’on perçoit quand on diminue les glucides et, encore plus, au début de la céto-adaptation : meilleure régulation de l’appétit, meilleure énergie, acuité mentale accrue, etc.
S'en tenir sur le long terme à une alimentation cétogène n’est donc pas une question de volonté exceptionnelle ?
Oh non ! Le docteur Lindsay Taylor, psychologue comportementaliste passionnée de céto, qui a contribué à préparer, et a testé, la plupart des recettes que vous trouverez dans mon livre, insiste souvent sur le fait que la volonté est une ressource fragile qui s’épuise facilement. De plus, une modification majeure du mode d’alimentation est un chantier d’une telle envergure (souvent compliqué par des freins émotionnels tels que des séquelles d’échecs passés, des discours négatifs, des pressions diverses, les jugements de personnes proches, etc.) que la volonté n’est pas une arme assez puissante pour gagner la bataille. Au contraire, au lieu de demander de se battre, le régime céto propose de laisser le succès venir à soi naturellement, en récoltant les bénéfices hormonaux, cognitifs et métaboliques d’une alimentation céto-adaptée.