De multiples variables interviennent dans la performance sur une épreuve d’endurance. Il n’est pas nécessaire de rappeler que les paramètres physiques comme la VMA, la VO2max, l’indice d’endurance sont fondamentaux. Par ailleurs, certains auteurs proposent un modèle dit du « gouverneur central » où le cerveau reste le maître de la performance. Dans ce modèle, le cerveau régule l’effort de manière à finir l’exercice sans atteindre le point de rupture au-delà duquel l’intégrité de l’organisme pourrait être altérée. Pour cela le cerveau intègre de multiples variables et informations. Certaines sont en rapport direct avec l’effort (degré d’oxygénation cérébrale, soif, état musculaire (douleur, fatigue, microtraumatismes), température corporelle). D’autres le sont de façon plus indirecte (état émotionnel au départ, qualité du sommeil lors des jours précédents, degré de motivation, état de forme, entraînement mental, utilisation de psychostimulants (caféine par exemple)).
Les détails de l’étude
Une étude réalisée sur 24 jeunes sportifs entraînés (24 ans de moyenne et 53.6 ml/kg/mn de VO2max en moyenne) a analysé les effets d’un auto-dialogue en comparant les performances lors de deux épreuves à vélo. La première épreuve a servi à prendre les références en mesurant le temps jusqu’à épuisement à puissance constante (80% de la puissance maximale) ainsi que l’évaluation perceptive de l’effort (RPE pour rate of perceveided exertion).
Au décours de cette première épreuve les sujets étaient répartis en deux groupes. Le premier groupe (ST pour self-talk) poursuivait son entraînement et suivait une formation pour apprendre à se parler et se motiver à l’effort. Les sujets du groupe ST profitaient de la formation et de l’entraînement durant 14 jours pour tester et affiner les phrases-types efficaces. Les phrases-types étaient choisies par les participants pour correspondre à leurs besoins lors de l’épreuve suivante. Parmi les phrases-types figuraient: « drive forward » (on continue), « you’re doing well » (tu te débrouilles bien), « feeling good » (je me sens bien) ou encore « push through this » (franchis ça). Chacun utilisait deux phrases-types adaptées au début de l’effort (par exemple « feeling good » et deux phrases-types adaptées à la fin de l’effort (par exemple « push through this »). Le deuxième groupe (contrôle), quant à lui, poursuivait son entraînement normal durant 14 jours.
La deuxième épreuve mesurait les mêmes paramètres après apprentissage et utilisation des techniques d’auto-dialogue et d’auto-motivation chez le groupe ST et sans apprentissage dans le groupe contrôle.
Le groupe ayant suivi le protocole d’intervention a vu son temps moyen d’effort jusqu’à épuisement passer de 637 secondes à 750 secondes (+18%) alors que le temps du groupe contrôle n’a pas été modifié (486 secondes avant et 474 secondes après). Par ailleurs, le fait de se parler a diminué la difficulté perçue lors de l’effort comme le témoigne la diminution du RPE durant l’effort qui est abaissé d’un point tout au long de l’effort (échelle de Borg allant de 0.5 (effort très léger) à 10 (effort très difficile)).
Qu’en conclure ?
Certes, les conditions sont éloignées de la réalité puisqu’il s’agit d’un effort intense, court et à une puissance donnée alors que dans la réalité les efforts sont de puissance variable (dictée par sportif).
Mais cette technique d’auto-motivation est simple et peu coûteuse à mettre en route. Les sportifs d’endurance ont donc tout intérêt à travailler cela à l’entraînement pour pouvoir en profiter en compétition. D’ailleurs de nombreux sportifs n’ont pas attendu cette étude pour se parler durant l’effort mais ils pourraient essayer de choisir les phrases qui leur correspondent le plus.
Référence
Blanchfield AW, Hardy J, de Morree HM, Staiano W, Marcora SM. Talking Yourself out of Exhaustion: The Effects of Self-Talk on Endurance Performance. Med Sci Sports Exerc. 2013 Oct 10.