Nous savons clairement que l'apport de glucose durant un effort permet d'accroître les performances en endurance. Il apparaît même qu'un mélange de glucose et de fructose soit encore plus efficace pour booster les performances en endurance. Nous en parlons dans "Nutrition de l'endurance".
Certaines études suggèrent, aussi, que les glucides en rinçage de bouche seraient efficaces pour améliorer les performances. Le principe sous-jacent est la stimulation de zones cérébrales via des récepteurs buccaux. Vous donnez ainsi à votre cerveau l'information qu'il dispose de nouveaux glucides pour l'effort. Bien entendu, cette stratégie alternative ne vaut que pour des efforts en endurance, certes, mais courts. Sur un effort de longue durée, le fait de tromper ainsi son gouverneur central ne fera pas illusion longtemps et les stocks de glycogène continueront de se vider. Mais sur des efforts courts, cela peut permettre de regagner un peu "d'énergie" pour terminer une course sans les embarras digestifs (et ça c'est aussi un vrai plus) et sans le coût énergétique de la digestion. Il suffit de garder le produit glucosé en bouche durant 5 à 10 secondes puis de le recracher pour profiter de cet effet et accroître légèrement ses performances. Le rinçage de bouche à la caféine, moins étudié, pourrait éventuellement apporter un bénéfice du même type.
Une nouvelle astuce a été testée pour rechercher les mêmes gains via d'autres voies. Il s'agit de sprays nasaux glucosés. S'il existe des capteurs buccaux influant de cette façon sur notre cerveau, en existe-t-il d'autres situés dans le nez ? On puisque l'on utilise déjà des formes médicamenteuses sous forme de sprays nasaux (pour soigner les crises de migraine par exemple) alors pourquoi pour améliorer les performances ?
Que disent les tests ?
Afin de tester cette voie nasale les chercheurs ont recruté onze sportifs modérément entraînés (VO2max 52 mL/kg/min) qu'ils ont fait venir au laboratoire à sept occasions séparées d'une semaine à chaque fois. La première présence au laboratoire permettait aux chercheurs de mesurer différents paramètres de performance à vélo. Les deux séances suivantes permettaient aux sportifs de s'habituer au matériel (vélo) et aux sprays nasaux.
Les trois séances suivantes permettaient de mesurer la puissance maximale à vélo et le temps sur un contre-la-montre de 30 min à vélo avec soit un spray nasal placebo (solution saline) soit un spray nasal glucosé (80 mg/ml) soit un spray nasal caféiné (15 mg/ml). Lors de chaque test étaient inhalées quatre doses de spray nasal (deux dans chaque narine) avant chaque effort et à 25%, 50% et 75% du contre-la-montre.
Seule différence notable parmi tous les tests réalisés, la solution glucosée permettait d'améliorer de 2.4 % les performances en contre-la-montre à vélo mais aucune amélioration lors d'un sprint ou des performances cognitives.
La solution caféinée, quant à elle, n'apportait aucun bénéfice y compris sur les performances cognitives. Les chercheurs soulèvent la question du faible dosage utilisé lors de leur étude. Bien que la voie nasale nécessite une dose moins importante que la voie orale les chercheurs se demandent si une dose de caféine plus importante aurait eu un impact remarquable.
En conclusion
L'utilisation de cette nouvelle voie alternative pour profiter de l'effet ergogénique du glucose est prometteuse et à surveiller.
Cette voie présente l'intérêt d'être (comme le rinçage de bouche) d'effet rapide et sans perturbations digestives. Elle serait probablement plus intéressante dans certaines situations : fin de course (on n'a pas le temps de digérer), sur des efforts courts, pour passer une difficulté en course (mais en gardant un apport glucidique en dehors de cette difficulté).
Je doute que ceux qui boivent à la va-vite en course et s'en mettent partout (y compris dans le nez) aient imaginé que cela puisse leur profiter !
Référence
De Pauw K, Roelands B, Van Cutsem J, Decroix L, Valente A, Taehee K, Lettan RB, Carrillo AE, Meeusen R. Do Glucose and Caffeine Nasal Sprays Influence Exercise or Cognitive Performance? Int J Sports Physiol Perform. 2017 Oct;12(9):1186-1191