Le paradoxe de l’oxygène
L’une des théories pour expliquer le vieillissement s’appuie sur les travaux de l’Américain Denham Harman. C’est la théorie du stress oxydant (ou oxydatif), selon laquelle des molécules très réactives, liées à l’oxygène, en abîmant à chaque instant nos molécules les plus vitales finissent par nous rendre malades ou nous faire mourir à petit feu « de notre belle mort ».
Ces molécules très réactives sont appelées radicaux libres ou espèces oxygénées réactives (EOR ou ROS en anglais pour reactive oxyden species). Les EOR ne sont pas que d'abominables ennemies. Elles ont des fonctions biologiques importantes, en intervenant notamment dans la signalisation cellulaire. Nous en avons donc besoin.
Mais elles peuvent aussi s’attaquer, lorsqu'elles sont en excès, à tous les constituants du vivant et favoriser les maladies chroniques comme la cataracte, le cancer, les maladies coronariennes, le diabète, l’insuffisance rénale, Alzheimer, Parkinson...
En théorie, ces EOR sont neutralisées ou prises en charge par des mécanismes protecteurs de l’organisme, qu’on appelle antioxydants. Les antioxydants ont un rôle important : empêcher les EOR d’atteindre leurs cibles et de les endommager.
Les antioxydants les plus connus sont directement apportés par les aliments : vitamines C et E, caroténoïdes, polyphénols. Nous disposons aussi d’enzymes antioxydantes, qui ont besoin, pour être activées d’oligo-éléments issus de l’alimentation : zinc, cuivre, manganèse pour la superoxyde dismutase ; fer pour la catalase ; sélénium pour la glutathion peroxydase. D’autres antioxydants produits naturellement par l’organisme sont moins connus : comme le glutathion réduit, l’acide urique, l’acide lipoïque.
On peut aussi mentionner la ferritine et la transferrine qui sont des protéines empêchant le fer de réagir avec son environnement immédiat. En effet, dans les cellules saines, les ions fer ne se rencontrent jamais "nus". Ils sont chélatés, ou si vous voulez tenus en laisse par des protéines de transport (transferrine) ou de stockage (ferritine). La raison en est que le fer libre est un missile en liberté. Il peut entrer dans des réactions appelées redox (réduction/oxydation) qui, lorsqu'elles ne sont pas contrôlées, conduisent à la peroxydation des graisses, c'est-à-dire une réaction en chaîne impliquant des radicaux libres, des acides gras insaturés (dans les membranes cellulaires) et de l'oxygène. Cette réaction en chaîne laisse derrière elle un champ de membranes cellulaires irrémédiablement altérées et de cellules mortes.
Mais dans la vraie vie, les systèmes de protection antioxydante sont souvent débordés. C’est ce qu’on appelle le stress oxydant. Le stress oxydant est tout simplement le déséquilibre entre d’un côté la production d'EOR, et de l’autre la capacité à neutraliser ces composés toxiques avant qu’ils occasionnent des dégâts.
Lorsque nous sommes jeunes, en bonne santé, que nous ne fumons pas, que nous vivons au grand air sans abuser du soleil, que nous marchons chaque jour, et que nous consommons de grandes quantités de fruits et légumes bio, nous neutralisons assez bien ces EOR et pouvons limiter les dégâts ! Dans les autres cas, le stress oxydant est à l’œuvre : les membranes cellulaires sont oxydées, les protéines dénaturées, l’ADN bombardé, bref, notre organisme vieillit. Signes les plus visibles de cette détérioration : les rides qui se creusent chaque année…
Depuis quelques années, il est possible de mesurer ce stress particulier, par un bilan biologique.
En résumé
Les antioxydants sont des molécules naturellement présentes dans les aliments qui neutralisent des particules extrêmement agressives, qu’on appelle communément (et un peu schématiquement) radicaux libres. Ces radicaux libres, qui sont fabriqués à chaque instant par le simple fait de respirer ou de s’alimenter, sont capables d’endommager tous les constituants du vivant. Il arrive que les radicaux libres débordent les défenses antioxydantes.
C’est le cas lorsqu’on prend de l’âge, lorsque l’on vit dans une atmosphère polluée, que l’on fume, que l’on consomme des pesticides, que l’on est soumis(e) à un stress chronique. Et qu’en parallèle on suit un régime alimentaire trop pauvre en antioxydants. Lorsque les radicaux libres sont en surnombre, on parle de stress oxydatif ou oxydant. Ce stress oxydant est lié à une bonne centaine de maladies chroniques, à commencer par le cancer, le diabète, la cataracte ou encore la maladie d’Alzheimer.
Les conseil de nos spécialistes : Pour se prémunir du stress oxydant, il faudrait éviter les sources de radicaux libres comme l'exposition excessive au rayonnement ultraviolet (mais un peu de soleil chaque jour est nécessaire), les examens d'imagerie dont l'utilité n'est pas évidente (radios, scanners), le tabac, l'excès d'alcool, la pollution intérieure (désodorisants, moquettes, encens, bougies parfumées, sapins parfumés dans les voitures, etc...), les pesticides, les additifs (plats industriels), les aliments trop cuits, les parties carbonisées des viandes et poissons... Il faudrait probablement consommer autour de 8 portions de légumes et fruits par jour, de préférence bio et entiers plutôt qu'en jus, en mettant l'accent sur les légumes crucifères (crus ou peu cuits en majorité) avec aussi des aromates bio comme le curcuma et le gingembre, des épices, du thé, un peu de vin rouge bio (pour les non-abstinents), un peu de café pour ceux qui le tolèrent. Et le cas échéant prendre un complément antioxydant avec des composés naturels, à doses modérées. A noter que le sport régulier, d'intensité modérée, stimule les capacités antioxydantes. Toutes ces mesures sont détaillées dans nos ouvrages.