De retour sur le blog après une longue absence estivale (enfin, est-ce bien le mot à utiliser cette année ?!). Entre travail intense à la clinique, vacances et mûres réflexions diététiques, le temps a défilé à grande vitesse…
Je vous propose d’aborder un sujet qui me tient à cœur, dont il est de plus en plus question et qui me semble bien sensible : la chirurgie de l’obésité chez les mineurs. Il est vrai que chez les adultes, ce type de prise en charge prend une ampleur considérable (et je suis bien placée pour le savoir !) mais qu’en est-il chez les adolescents ? Que savons-nous exactement sur cette démarche si confidentielle ?
Tout d’abord quelques chiffres : environ 800 adolescents ont été opérés en France ces dernières années dont une dizaine entre 11 et 15 ans. La prévalence de l’obésité chez les enfants/adolescents (entre 3 ans et 17 ans) est estimée à 3.5% et le surpoids à 15%. Vous me direz, c’est très peu, mais cela traduit bien le souci majeur de santé publique qui préoccupe tous les esprits : la progression fulgurante des problématiques liées au surpoids et à l’obésité et les solutions pour y remédier.
Autant nous disposons de recommandations, certes non obligatoires, pour la chirurgie bariatrique des adultes mais absolument rien concernant les adolescents. Il faut donc déterminer avec tact et mesure ceux qui peuvent y être éligibles. Ces interventions (sleeve ou by-pass, l’anneau étant posé bien plus rarement) ne sont proposées que dans des centres de pédiatrie spécialisés (publics le plus souvent) et réalisées par des équipes formées et habituées. Cette option de chirurgie représente malheureusement une sérieuse piste de soin efficace sur le long terme. En effet, nous ne savons pas comment traiter avec succès certains cas particuliers d’obésité, des adolescents comme des adultes. Il est tout à fait possible d’envisager des solutions non chirurgicales mais elles demandent de trouver des professionnels vraiment compétents et des patients vraiment impliqués. Mais parfois, le recours à la chirurgie peut être plus bénéfique que risqué, dans la mesure où il est toujours demandé par la personne elle-même, quel que soit son âge.
Les indications pour les ados restent très strictes : obésité sévère avec comorbidités (diabète, HTA, …) ou obésité morbide sans comorbidités mais avec un retentissement important sur la qualité de vie. L’opération n’est envisagée que si les parents et l’adolescent sont consentants et motivés au changement : la contre-indication formelle réside dans la non compliance de la famille à toutes les contraintes diététiques, qui restent les mêmes que pour les adultes (Se référer à notre ouvrage "Le guide de la chirurgie de l'obésité" chez Thierry Souccar Editions, avec Magali Walkowicz). D’où la très grande importance, plus que pour les adultes encore, du suivi préopératoire et surtout postopératoire : psychologique, diététique, pédiatrique. Il est primordial que l’adolescent opéré ne présente pas de carences tout en mangeant normalement et sans frustration et en s’habituant peu à peu aux transformations corporelles et psychologiques liées à cette période sensible ! Tout un programme !
Dans les années à venir, comme pour les adultes, la chirurgie bariatrique des adolescents va se développer. Espérons qu’elle restera excessivement contrôlée pour ne pas aboutir à des dérives dangereuses et délétères pour les patients. Espérons aussi, pourquoi pas, que d’autres méthodes, non invasives mais sérieuses et efficaces, voient le jour et permettent, qui sait, de réduire cette épidémie d’obésité tant combattue…